Depuis la création des Rencontres d’Arles en 1970, les festivals de photographie n’ont cessé de fleurir. Tour de France de notre sélection.
France. Les Rencontres d’Arles, prolongées cette année jusqu’au 5 octobre pour satisfaire un public régional plus enclin à y venir en septembre, proposent une trentaine d’expositions placées sous le signe des « Images indociles ». La programmation est jalonnée de grands classiques, telle la rétrospective inédite sur Louis Stettner (1922-2016) ou l’histoire de la photographie moderniste brésilienne. Les femmes photographes sont toutefois particulièrement nombreuses dans cette 56e édition avec, en tête d’affiche, Nan Goldin, Claudia Andujar, Letizia Battaglia et une installation inédite de Batia Suter dans les Cryptoportiques, partie cachée du forum. Dans ce registre des inédits figurent : l’enquête d’Agnès Geoffray sur les mineures placées par la justice au début du XXe siècle dans les écoles de préservation ; Raphaëlle Peria et le canal du Midi de son enfance ; la collection Marion et Philippe Jacquier ; et le road trip américain d’Anna Fox et Karen Knorr sur la Route 1 à partir des photographies de Berenice Abbott réalisées dans les années 1950.
L’histoire récente de la photographie australienne regroupant photographes autochtones ou non fait aussi l’objet d’une exposition spécialement créée par le festival, au même titre que la rétrospective « Béatrice Helg » conçue par le Musée Réattu, la monographie « David Armstrong » à Luma Arles et les 20 ans de l’agence Myop, trois expositions dans le programme associé aux Rencontres. Parmi les expositions déjà vues ailleurs, se démarquent « The Tourist », de Kourtney Roy ; « Chambre 107 » de Jean-Michel André ; « Les présages d’une lueur intérieure » de Todd Hido et la vision de Stéphane Couturier de la Villa E-1015 d’Eileen Gray à Cap Martin, présentée à l’abbaye de Montmajour.
En Bretagne, le Festival Photo La Gacilly (Morbihan), organisé en plein air, transforme façades de maison, places, ruelles et jardins de la commune en cadres d’accrochage. La Grande-Bretagne, choisie pour thème de la 22e édition, réunit quelques grands noms, d’Anna Atkins pour le XIXe siècle à, pour le suivant, Don McCullin, Tony Ray-Jones, Martin Parr et Terry O’Neill, ou, belle découverte, la jeune Mary Turner. À voir aussi ici, les photographies de Robert Doisneau sur le littoral français, de Françoise Huguier en Afrique ou celles inédites de Stéphane Lavoué sur les travailleurs de la mer.
Au Festival photo du Guilvinec (Finistère), de bien plus petite dimension, « Les femmes et la mer » fait la part belle aux travaux de femmes photographes dont celui Natalya Saprunova sur les populations Inuit de l’Ouest canadien. À Yvré-l’Évêque (Sarthe), près du Mans, la 13e saison photographique de l’abbaye royale de l’Epau révèle les lucioles des forêts japonaises de Kazuaki Koseki et les fonds marins de Narelle Autio et de Fabien Michenet.
Autre tonalité avec L’été photographique de Lectoure (Gers), placé cette année sous le commissariat de l’historienne de la photographie Damarice Amao. Parmi les huit expositions présentées, l’une, importante, est consacrée à Arlene Gottfried (1950-2017), illustrant la photographie documentaire américaine de la seconde moitié du XXe siècle. Nelly Monnier et Éric Tabuchi, accueillis en résidence au Centre d’art et de photographie de Lectoure, y poursuivent leur « Atlas des régions naturelles » entamé en 2010.
Parmi les derniers-nés des festivals, deux se distinguent : « Cargo, les photographiques de Saint-Nazaire » (Loire-Atlantique), dont la 5e édition réunit notamment Charles Fréger, Maia Flore et l’Américaine Anne Rearick, et, à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), « Mondes en commun ». Organisé au Musée départemental Albert-Kahn par les Amis du musée, il présente pour sa deuxième édition dix travaux photographiques dont ceux de Thomas Paquet, Claudé Iverné et Siân Davey. « Sport Images Festival », inauguré en juin à Deauville (Calvados), propose, lui, des expositions en plein air, allant des derniers JO de Paris 2024 au travail de Mathias Depardon sur les femmes jockeys. Un été de découvertes ou redécouvertes, donc, auquel Visa pour l’Image apporte la vision des photojournalistes sur le monde actuel, oubliée par les autres festivals, et qui, pour sa 37e édition, consacre une rétrospective à Jean-Louis Courtinat et une autre à Jean-Pierre Laffont.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°659 du 4 juillet 2025, avec le titre suivant : Un été de festivals photo