La photographie dans l’antichambre du musée

Les cultures de l’image

Par Emmanuel Fessy · Le Journal des Arts

Le 1 mai 1996 - 348 mots

Signe de l’intérêt accru dont bénéficie la photographie en France, celle-ci a dorénavant à Paris sa \"Maison\", dont nous vous proposons de découvrir une sélection de la collection à travers les pages de ce Magazine des Arts. Mais l’ouverture de la Maison Européenne de la Photographie (MEP) ne peut masquer une réalité : la photographie n’occupe pas encore dans les musées français des beaux-arts la place que lui reconnaissent leurs confrères américains.

Plus de cent cinquante ans après son invention, la photographie vit un étrange paradoxe en France. Dans ce domaine, les structures publiques – centres d’art, Frac, festivals – ou privées – les galeries – se sont multipliées au cours de la dernière décennie. Et si nombre d’artistes contemporains utilisent le médium photographique, l’image fixe accède encore difficilement au statut d’œuvre d’art dans les musées stricto sensu.

Certes, des institutions comme Orsay ou Carnavalet possèdent des collections historiques, ou contemporaines comme le Musée national d’art moderne, mais elles ne disposent pas d’espaces suffisants pour les montrer et organiser des expositions d’envergure. L’absence de mètres carrés ne peut être seule mise en cause.
 
La photographie occupe depuis peu une place restreinte dans le cursus des études des futurs conservateurs, et beaucoup de leurs pairs ont tendance à la regarder uniquement comme un document, et encore… Il est frappant de constater qu’une grande exposition comme "Les Origines de l’Impressionnisme" ne laissait aucune place à l’influence de ce "document". De même faut-il remarquer que l’équipe pilotant la MEP est extérieure au "corps" des conservateurs.

Pour des raisons historiques et sociologiques, la situation est radicalement différente aux États-Unis, ainsi qu’en témoigne l’entretien que nous accordé Peter Galassi, directeur du département de Photographie du MoMa. Le musée américain, dont un florilège de la collection est actuellement exposé au Centre Pompidou, a – dès 1940 – offert une place de choix à la photographie, ouvrant ainsi une voie peu empruntée encore en France : considérer la photographie à la fois dans sa spécificité et sa diversité, tout en envisageant ses relations avec les autres arts visuels. Le dialogue n’en est que plus fécond.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°25 du 1 mai 1996, avec le titre suivant : La photographie dans l’antichambre du musée

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