Photo - La 56e édition des Rencontres de la photographie d’Arles a constitué, comme d’habitude, une programmation riche en propositions variées avec plus d’une trentaine expositions, des tendances et un retour à des travaux de photographes de référence dont l’Américain Louis Stettner (1922-2016), la Brésilienne d’origine suisse Claudia Andujar (née en 1931), et la photojournaliste italienne Letizia Battaglia (1935-2022), connue pour ses photographies de la mafia sicilienne.
Les femmes photographes sont particulièrement nombreuses cette année. Nan Goldin (née en 1953), lauréate du prix Women In Motion 2025, revient à Arles avec une nouvelle œuvre, intitulée Syndrome de Stendhal et présentée sous forme d’un diaporama mettant en regard des portraits de proches et des images de chefs-d’œuvre de l’art ancien et classique qu’elle a photographiés dans divers musées. Après Sophie Calle l’an dernier, c’est au tour de la Suissesse Batia Sutter (1967) d’investir les Cryptoportiques, partie cachée du forum romain, avec une installation sondant les affects. Ailleurs, les récits de Camille Lévêque (née en 1985) et de l’Américaine Diana Markosian (née en 1989) sur leur père respectif, ou celui de sa compatriote Erica Lennard (née en 1950) sur ses modèles, forment des retours sur images introspectifs. Agnès Geoffray (née en 1973) réactive à sa façon des récits. À partir de son enquête sur les institutions de placement pour jeunes filles mineures en France, de la fin du XIXe jusqu’au milieu du XXe siècle, elle fait souffler un vent de révolte sur leurs histoires meurtries et tues tandis que « les travaux de Carmen Winant (née en 1983), Carol Newhouse (née en 1943) ou encore de Lila Neutre (née en 1989) déconstruisent les frontières entre famille biologique et famille élective », souligne Christoph Wiesner, directeur des Rencontres. Des récits mémoriels chez Anna Fox (née en 1961) et Karen Knorr (née en 1954) prennent la forme d’un road trip sur les traces du projet inabouti de Berenice Abbott (1898-1991) US Route 1, route reliant le Maine à la Floride. Raphaëlle Peria (née en 1989), lauréate du programme BMW Art Makers, revient sur le voyage entrepris, enfant, avec ses parents sur le canal du Midi. Dans ce florilège de récits intimes au féminin, le retour de Jean-Michel André (né en 1976) sur l’assassinat de son père narre une quête de vérité qui se transforme en une délivrance poétique. Il faut aussi prendre le temps de voir le projet La Touriste de la Canadienne Kourtney Roy (née en 1981), les paysages de Todd Hido (né en 1968, USA), les photographies de Stéphane Couturier (né en 1957) de la Villa E-1027 d’Eilen Gray à Cap Martin, ou la collection de photographies anonymes de Marion et Philippe Jacquier ainsi que les travaux des sept nommés au prix Découverte de la Fondation Louis-Roederer. Saison croisée Brésil-France 2025 oblige, les Rencontres lui consacrent quatre expositions dont celle sur l’histoire de la photographie moderniste brésilienne relatée grâce aux archives du Foto Cine Clube Bandeirante, club de photographie amateur de São Paulo, fondé en 1939. Aux antipodes, l’Australie fait aussi l’objet d’un focus avec, entre autres, l’exposition « On Country : photographie d’Australie » rassemblant photographes autochtones et non autochtones pour raconter son histoire complexe. Le programme associé des Rencontres réserve enfin d’autres temps forts tels que la rétrospective Béatrice Helg (née en 1956) au Musée Réattu, la monographie David Armstrong (1954-2014) chez LUMA et les 20 ans de l’agence Myop. Jusqu’au 5 octobre, la ville est également le cadre du Festival OFF Arles avec une centaine d’expositions dans une centaine de lieux. Arles et la photographie, un duo plus que jamais polyphonique !
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Des Rencontres polyphoniques
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°787 du 1 juillet 2025, avec le titre suivant : Des Rencontres polyphoniques





