Art contemporain

Une installation d’art contemporain au-dessus du tombeau de Napoléon ne plaît pas à tout le monde

Par Charles Roumégou · lejournaldesarts.fr

Le 4 mai 2021 - 563 mots

PARIS

Pascal Convert a suspendu le squelette en plastique du cheval préféré de l’Empereur au Musée des Invalides.

Rien ne vaut une petite polémique sur un symbole (ce sont souvent les plus véhémentes) pour donner du retentissement à une exposition, alors qu’il y aura embouteillage lors de la réouverture des musées.

Dans une lettre ouverte datée du 26 avril, le député de Seine-et-Marne (Les Républicains), Jean-Louis Thiérot, interpelle la ministre des Armées, Florence Parly, s’agissant de « l’idée folle » du Musée de l’Armée de suspendre sous le Dôme des Invalides, au-dessus du tombeau de l’empereur, une reconstitution en trois dimensions du squelette de Marengo, cheval favori de Napoléon avec lequel il remporta plusieurs campagnes militaires (Marengo, Austerlitz, Iéna, Wagram) avant d’être saisi par les troupes anglaises à Waterloo.

Baptisée Memento Marengo, cette installation, créée par l’artiste Pascal Convert à l’occasion de l’exposition « Napoléon ? Encore ! », parcours d’art contemporain questionnant l’image laissée par Napoléon Bonaparte après sa mort en 1821, « suscite un grand émoi dans la communauté militaire et plus largement parmi ceux qui sont attachés à ce haut lieu de notre histoire », selon le député.

Rappelant la nature mémorielle des lieux - dernière demeure de nombreux maréchaux, généraux et gouverneurs - Jean-Louis Thiérot juge que « l’exposition d’une œuvre artistique quelle qu’elle soit qui par sa nature est sujette à diverses interprétations est particulièrement dissonante dans un lieu dédié au recueillement et à l’hommage à ceux qui sont morts pour la Nation ».

Un avis partagé par Thierry Lentz, directeur de la Fondation Napoléon, qui sur son compte Twitter écrit que « la question n’est pas de savoir si on aime ou on n’aime pas, mais si l’on doit toujours le respect à la nécropole nationale des Invalides ».  

Anticipant les critiques, Eric de Chassey, directeur de l’Institut d’histoire de l’art (INHA) et commissaire de l’exposition, avait pris la défense de l’artiste au cours d’un documentaire diffusé, le 23 avril, sur France 5 intitulé « Napoléon l’influenceur ». Ce dernier voyait alors dans cette installation « un geste en réalité extrêmement respectueux », ayant pour but de « passer par l’animal pour retrouver ce qu’il y a d’humain dans Napoléon Bonaparte ». Un argument qui n’avait pas convaincu Thierry Lentz, également sollicité pour le reportage : « réhumaniser Napoléon en suspendant un squelette de cheval en plastique au-dessus de son tombeau, on rêve… ». Dans la foulée de la diffusion, une pétition en ligne était créée contre la sculpture, récoltant à l’heure actuelle près de 1 000 signatures.

Face à l’ampleur de la polémique, Pascal Convert a souhaité répondre à ses détracteurs dans une tribune publiée dans le journal L’Obs, le 27 avril, arguant que « ramener le cheval de Napoléon vers la tombe de son cavalier accomplit un rituel funéraire antique qui voulait que les combattants soient enterrés avec leur monture ». L’artiste a également tenu à rappeler que « telle une relique sacrée, [le cheval] a été réduit à son squelette et exposé au National Army Museum où il est toujours visible ». L’institution muséale londonienne s’était opposée au prêt des ossements du destrier de l’empereur compte tenu de leur extrême fragilité.

Contacté par Le Journal des Arts, le Musée de l’Armée n’a quant à lui pas souhaité répondre directement aux critiques évoquant, par voie de communiqué, une œuvre « nourrie de référence tant historiques qu’artistiques et mythologique […] respectueuse des lieux et en parfait dialogue avec eux, au service de la transmission de l’histoire et de la mémoire ».
 

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