Art contemporain

La sculpture controversée va retrouver une place à Cassel 

Par Antonin Gratien · lejournaldesarts.fr

Le 26 avril 2019 - 429 mots

CASSEL / ALLEMAGNE

L’obélisque prônant un message de tolérance à l’égard des immigrés a été reconstruit ailleurs dans la ville.

 Détail du Monuments to Strangers and Refugees d'Olu Oguibe à Cassel
Détail du Monuments to Strangers and Refugees d'Olu Oguibe
Photo Rabax

Volte-face à Cassel. Depuis la semaine dernière, touristes, curieux, et amateurs d’arts peuvent à nouveau contempler l’obélisque de l’artiste nigérien Olu Oguibe dans les rues de la ville allemande. En octobre dernier, la sculpture avait été retirée à la suite d’une polémique sur le caractère militant de l’œuvre. 

À l’origine, Monuments to Strangers and Refugees avait été exposé en 2017 à Cassel dans le cadre d’une quatorzième Documenta particulièrement débattue. Sur l’édifice de 15 mètres de haut était inscrit un extrait des évangiles selon Matthieu : « J’étais un étranger, et vous m’avez pris avec vous ». Ecrite en arabe, anglais, allemand et turque, cette phrase ainsi publiquement exposée au cœur de Cassel fait référence à la détresse des migrants du monde entier.  

Si l’œuvre a valu à Olu Oguibe le Prix Arnold Bode de la ville, qui a reconnu en elle une « affirmation de l’intemporalité des principes universaux d’attention et de sollicitude envers les personnes persécutées », elle a aussi suscité de nombreuses critiques.

Olu Oguibe <em>Monuments to Strangers and Refugees</em>
Olu Oguibe Monuments to Strangers and Refugees
Photo Rabax

Le message inscrit sur la sculpture avait ainsi provoqué l’ire de la droite dure et anti-migratoire du pays. Certains y ont vu un soutien tacite à la politique d’accueil qu’Angela Merkel avait favorisée, au moins jusqu’aux événements du nouvel an à Cologne et la percée du parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (FaD) au Parlement en septembre 2017.

Lorsque la ville de Cassel avait acheté Monuments to Strangers and Refugees en 2018 grâce à un financement participatif, la controverse s’était envenimée. « Dire que les dirigeants de la ville ont tout fait au cours de l’année pour éviter que l’œuvre soit acquise serait un euphémisme », a confié Olu Oguibe au magazine américain Hyperallergic

Face aux pressions, la ville avait démantelé le monument en octobre. Mais quelques semaines plus tard, Cassel annonçait que l’œuvre serait à nouveau exposée et ce dans un espace moins central. C’est finalement la rue de Treppenstrasse qui a été choisie. Malgré ses réticences à l’égard de ce  déplacement, Olu Oguibe s’est dit « réjoui que l’obélisque soit reconstruit »

Même satisfaction du côté de Sabine Schormann, toute nouvelle directrice de la Documenta : « Le fait que cette œuvre de la Documenta 14 soit désormais définitivement de retour dans le centre de Cassel représente beaucoup pour moi […] les citoyens sont invités à souhaiter la bienvenue à l’obélisque pendant une célébration ». La ville a fixé ces retrouvailles au 11 mai prochain, dans le cadre d’un festival de rue.
 

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