Biennale

La biennale de Moscou revient se nicher sous l’aile du Kremlin

Par Emmanuel Grynszpan, correspondant à Moscou · lejournaldesarts.fr

Le 26 janvier 2017 - 529 mots

MOSCOU / RUSSIE

MOSCOU (RUSSIE) [26.01.17] – Après une VIème édition exilée et moribonde, la Biennale de Moscou fera son retour en septembre-octobre 2017 dans la salle du Manège en plein centre-ville, sous la direction de la commissaire japonaise Yuko Hasegawa.

Les autorités russes ont-elles fait la paix avec l’art contemporain ? La VIIème biennale de Moscou se déroulera du 15 septembre au 28 octobre 2017, sous la direction de la très consensuelle commissaire japonaise Yuko Hasegawa (conservatrice principale du musée d’art contemporain de Tokyo) a-t-on appris mercredi de la bouche de Mikhaïl Chvydkoï, qui supervise l’art contemporain et les relations internationales au ministère de la culture.

Le lieu de l’exposition principale sera de nouveau la vaste salle du Manège, aux pieds des murs du Kremlin, comme ce fut le cas jusqu’à la Vème biennale en 2013. Un retour symbolique qui devrait contribuer à panser les plaies laissées ouvertes par l’échec de la VIème biennale.

Yuko Hasegawa a choisi pour thème de l’exposition principale « la Forêt transcendantale ». Il s’agit pour elle d’une métaphore du mouvement global des individus. L’arbre représente les efforts pour trouver ses racines. Les nuages au-dessus de la forêt représenteront l’Internet, un forum pour la communication. « C’est entre la forêt et les nuages que sont créés de nouvelles significations et de nouveaux chefs-d’œuvre », souligne Hasegawa.

La commissaire japonaise est connue pour privilégier les approches méditatives, réflexives et conciliantes, des qualités qui n’ont sans doute pas été étrangères à sa nomination. Née en 1957, elle avait notamment été la commissaire de la biennale de Sharjah (Emirats Arabes Unis) en mars 2013, ainsi que de celles d’Istanbul (2001), Shanghai (2002), Séoul (2006) et San-Paolo (2010).

Yuko Hasegawa a visité la Russie plusieurs fois, mais n’y a jamais participé à l’organisation d’une exposition. Elle ne cache pas connaître « très peu les artistes russes. Je vais commencer à explorer la scène locale afin de choisir des oeuvres valables pour l’exposition ».

La nomination de la Japonaise a été bien accueillie par les acteurs du monde artistique officiel. « Une japonaise ne peut tout simplement pas organiser une vilaine exposition », a ainsi déclaré la directrice de la galerie Tretiakov Zelfira Tregulova, qui siège également au conseil des experts de la biennale.

Un conseil entièrement renouvelé ces derniers mois après une crise sans précédent de la manifestation. Quasiment privée au dernier moment du soutien de l’Etat, la VIème biennale ressemblait à un chant du cygne. Organisée loin du centre et presque exclusivement organisée autour de performances, l’édition 2015 avait laissé un fort mauvais souvenir. Dans le sillage du flop, son fondateur le très respecté Iossif Backstein avait quitté le navire.

Après avoir été largement indifférent à l’art contemporain pendant les années 2000, les autorités se sont mises à lui serrer la vis après le retour au Kremlin de Vladimir Poutine en 2012. Peines de prison pour les artistes Pussy Riot et Piotr Pavlenski, multiples destructions d’expositions et fermetures de galeries d’art par des militants pro-Kremlin et déclarations incendiaires du ministre de la culture Vladimir Medinsky furent ces dernières années le lot de l’art contemporain. Espérons que cette VIIème biennale de Moscou ne soit pas l’arbre qui cache la forêt.

Légende photo

Intérieur du Manège à Moscou © Photo shakko - 2011 - Licence CC BY-SA 3.0

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