États-Unis - Art contemporain - Disparition

Disparition de l’artiste conceptuel Dan Graham

Par Julie Goy, correspondante en Espagne · lejournaldesarts.fr

Le 21 février 2022 - 430 mots

NEW YORK / ÉTATS-UNIS

Nombre de ses œuvres interrogent la perception visuelle du spectateur par le biais de dispositifs géométriques complexes.

Artiste, théoricien et critique d’art américain, Dan Graham est décédé le 19 février dernier à New York, à l’âge de 79 ans. Très intéressé par l’anthropologie, il interrogeait les relations entre l’espace privé et l’espace public, ainsi que la place du spectateur dans l’art et la société, par la création, dès 1965, de films, essais, performances, installations-sculptures ou installations vidéo. 

Né en 1942 à Urbana (Illinois) aux États-Unis, cet autodidacte s’était lancé en 1964, dans une brève carrière de galeriste à New York, où il avait ouvert la John Daniels Gallery. Active pendant un an seulement, la galerie eut le temps d’exposer des artistes majeurs de la scène américaine tels que Sol LeWitt, Dan Flavin, Donald Judd et Robert Smithson. 

Dans les années 1970, il réalise des espaces-miroirs, œuvres conceptuelles entre vidéo et performance, constituées de jeux de miroirs renvoyant au spectateur sa propre image. Plusieurs furent exposées aux Biennales de Venise et de Paris et à la Documenta de Cassel en 1982. Performer/Audience/Mirror (1975) et Public Spaces/Two Audiences (1976) en sont des exemples majeurs.

C’est également dans les années 1970, qu’il réalise ses premiers modèles architecturaux, tel que Cinéma, une salle de cinéma avec des jeux de miroirs, où l’écran de projection est lui-même un miroir. De fait, lorsque le film est projeté, les passants, à l’extérieur de la salle, peuvent voir l’image du film apparaître de manière inversée sur l’écran. 

Dans le prolongement de ses espaces-miroirs, il construit des « pavillons », en acier, verre plat et miroir sans tain. Ces architectures-sculptures jouent sur la transparence et le reflet, afin de perturber la perception de l’espace. Avec son verre-miroir, le cube de Two Adjacent Pavilions (1978) permet au spectateur de regarder le paysage lorsqu’il est à l’intérieur de l’installation, tandis que les passants ne peuvent le voir depuis l’extérieur. 

L’artiste a également œuvré comme théoricien. Dès 1966, il publiait des textes dans les revues Aspen Magazine et Arts Magazine, notamment l’étude sociologique Homes for America, une réflexion menée sur l’habitat standardisé des banlieues américaines. Il est aussi réalisateur de films théoriques, tel Rock My Religion (1979-1984), qui étudie la relation entre la religion et la musique rock dans la culture des années 1980. 

Ses œuvres ont été exposées dans plusieurs musées français, notamment au Musée d’art moderne de Paris en 1987, à l’Institut d’art contemporain de Villeurbanne en 1992 et à la Cité radieuse de Marseille en 2015. L’artiste était représenté par les galeries américaines Lisson Gallery, Marian Goodman Gallery et 303 Gallery. 
 

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