Allemagne - Police

Vol au musée de Dresde : la police tient des suspects mais cherche les diamants

Par LeJournaldesArts.fr (avec AFP) · lejournaldesarts.fr

Le 18 novembre 2020 - 700 mots

BERLIN / ALLEMAGNE

Un an après un spectaculaire vol de diamants dans un musée de Dresde, la police allemande a mené un vaste coup de filet dans le milieu du crime organisé et arrêté trois suspects, mais cherche toujours les joyaux dérobés.

Les forces de l'ordre sont intervenues au petit matin dans le quartier populaire et branché de Neukölln, au cœur de Berlin, où une importante opération a mobilisé plus de 1 600 agents. Bilan : une série de perquisitions et trois personnes arrêtées, « fortement soupçonnées » d'avoir participé au cambriolage du musée Grünes Gewölbe de Dresde en novembre 2019. Un diamant de 49 carats avait notamment été dérobé. Deux autres hommes, âgés de 21 ans, sont activement recherchés, a indiqué la police, qui a diffusé leurs photos.

Tous les cinq appartiennent à une bande criminelle très active en Allemagne connue sous le nom de « clan Remmo », a précisé à l'AFP un porte-parole du parquet de Dresde, dans l'est de l'Allemagne. Ce clan familial d'origine libanaise est déjà impliqué dans le vol d'une pièce d'or géante de 100 kilos, d'une valeur d'environ 3,75 millions d'euros, dérobée en 2017 au Bode-Museum de Berlin.

Les malfaiteurs avaient été condamnés à des peines de prison ferme mais la pièce d'or canadienne, baptisée « Big Maple Leaf » et sur laquelle apparaissait l'effigie de la reine Elizabeth II, n'a jamais été retrouvée. Les enquêteurs estiment qu'elle a sans doute été fondue et l'or revendu ou expédié à l'étranger.

« Affaire épaulette »

Concernant le vol audacieux de Dresde, 18 perquisitions ont visé mardi des « appartements, garages et véhicules », avec l'espoir ténu de mettre la main sur tout ou partie du butin dérobé : une dizaine de parures du XVIIIe siècle, comportant bijoux et pierres précieuses, soit plusieurs « centaines » de diamants.

Le diamant de 49 carats était incorporé dans une épaulette. La police de Saxe a d'ailleurs baptisé son enquête « l'affaire épaulette ». Une épée dont la poignée est incrustée de neuf gros diamants et de 770 petits diamants figure aussi parmi les objets. Mais « il faudrait être très chanceux pour retrouver (les objets) un an après le crime », a déclaré mardi le porte-parole de la police de Dresde, Thomas Geithner, à des journalistes à Berlin.

Le 25 novembre 2019, les cambrioleurs s'étaient introduits à l'aube dans le musée Grünes Gewölbe (« Voûte verte ») de la ville baroque de l'ex-RDA et y avaient commis leur forfait en quelques minutes. Les pièces volées ont une valeur historique et culturelle « inestimable » et non chiffrable, selon le musée.

« Il y a un an, nous avons été choqués par l'attaque éhontée contre nos trésors artistiques. Maintenant, nous pouvons enfin espérer récupérer les bijoux volés », s'est réjouie la ministre régionale de la Culture de Saxe, Barbara Klepsch, parlant d'« un préjudice immense pour (...) la culture mondiale ».

Crime organisé

Les enquêteurs offraient une récompense de 500 000 euros pour tout renseignement dans cette affaire.

Un incendie avait détruit un transformateur électrique situé à proximité de l'établissement, désactivant ainsi les alarmes du musée et l'éclairage des rues adjacentes. Une caméra de surveillance avait continué de fonctionner et filmé deux hommes. Les voleurs étaient entrés par une petite ouverture d'une fenêtre du musée puis s'étaient introduits dans la chambre forte d'Auguste le Fort, prince-électeur de Saxe et roi de Pologne au XVIIIe siècle. Ces images de vidéosurveillance ont fourni des indices précieux aux enquêteurs qui ont également découvert des traces dans une Mercedes ayant servi aux fuyards, selon le parquet.

Le « clan Remmo », une vaste famille kurde d'origine libanaise, a souvent eu maille à partir avec la police et la justice dans des dossiers de violences, de trafic de drogue et de vols. Plusieurs groupes familiaux règnent dans le monde interlope de Berlin et fonctionnent comme des organisations criminelles, puissantes et fortunées, selon des experts.

A partir de 1723, Auguste II, dit Auguste le Fort, a entreposé dans ce musée, construit au XVIe siècle, sa collection personnelle, associée à des bijoux et des œuvres de la Renaissance ou d'art Baroque.

Le musée, un des plus anciens d'Europe, possède une incomparable collection de trésors, composée d'orfèvrerie, de pierres précieuses, de porcelaine, de sculptures d'ivoire ou d'ambre, de bronzes et de récipients sertis de pierreries.

Par Sophie Makris

Cet article a été publié par l'AFP le 17 novembre 2020.

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