Italie - Politique - Vol

Vittorio Sgarbi visé par une enquête pour vol de tableau

Par Olivier Tosseri, correspondant en Italie · lejournaldesarts.fr

Le 10 janvier 2024 - 393 mots

ITALIE

La justice italienne soupçonne le secrétaire d'État de posséder un tableau volé. Ses explications sont rocambolesques.

Rutilio Manetti (1571-1639), La capture de Saint-Pierre, 1635-1637, huile sur toile, 233 x 204 cm. © Cavallini Sgarbi Foundation CC BY 3.0
Rutilio Manetti (1571-1639), La capture de Saint-Pierre, 1635-1637, huile sur toile, 233 x 204 cm.

Vittorio Sgarbi est sommé de faire toute la lumière sur une histoire de tableau volé. Le secrétaire d’État à la culture possède une toile de Rutilio Manetti identique à une autre volée en 2013 à une différence près : la présence d’une bougie. Le parquet italien a annoncé l’ouverture d’une enquête. Il est soupçonné de l’avoir exposée en 2021 après l’avoir modifiée afin de brouiller les pistes. C’est en tout cas la conclusion d’un reportage diffusé en décembre dernier par l'émission de journalisme d'investigation Report sur la télévision publique Rai.

La propriétaire de La Capture de Saint-Pierre du peintre maniériste du XVIIIe siècle Rutilio Manetti avait dénoncé en 2013 le vol de la toile dans son château, précisant qu’elle avait été découpée et retirée de son cadre. Selon son témoignage, quelques semaines avant la disparition du tableau, un homme était venu lui demander de l'acheter. Les journalistes de la Rai l’ont identifié comme un ami de Vittorio Sgarbi. Celui-ci avait ensuite remis une toile déchirée à un expert en restauration qui a confirmé qu'il s'agissait bien de celle dérobée dans le château puis exposée en 2021. Un vol maquillé grossièrement par l’ajout dans le coin gauche du haut de l’œuvre d’une bougie pour détourner les soupçons.

Détail de la torche dans le tableau « La capture de Saint-Pierre » de Rutilio Manetti © Cavallini Sgarbi Foundation CC BY 3.0
Détail de la torche dans La capture de Saint-Pierre de Rutilio Manetti.

Vittorio Sgarbi balaie d’un revers de la main ces accusations. « Il n'y a pas de mystère, il y a juste deux tableaux », affirme-t-il avec véhémence. « Le tableau volé en 2013 est une mauvaise copie datant du XIXe siècle tandis que le mien est un original et c’est en le restaurant que la bougie est apparue ». Sa découverte relève du miracle. « Son » tableau aurait été trouvé dans une villa abandonnée achetée par la mère de Vittorio Sgarbi en 2000.

Selon Sgarbi l’expert en restauration qui l’incrimine cherche à se venger car il lui doit une importante somme d’argent. Il déplore par ailleurs « le manque de soutien du ministre de la Culture [son ministre de tutelle] qui lui en veut ». Les deux hommes ne se parlent plus depuis le 23 octobre dernier. L’opposition réclame la démission du secrétaire d’État. Il fait déjà l'objet d'une autre enquête, ouverte en octobre par le gendarme italien de la concurrence, pour avoir monnayé sa présence à des conférences, une pratique interdite aux membres du gouvernement.

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