Italie - Politique

Les jours du sous-secrétaire d’État italien à la culture sont comptés

Par Olivier Tosseri, correspondant en Italie · lejournaldesarts.fr

Le 27 octobre 2023 - 610 mots

ROME / ITALIE

Critiqué de toutes parts après une nouvelle série de révélations, Vittorio Sgarbi semble avoir perdu l’appui du gouvernement.

Vittorio Sgarbi en décembre 2022. © Merulana, CC BY-SA 4.0
Vittorio Sgarbi en décembre 2022.
Photo Merulana

Vittorio Sgarbi est sur la sellette. Le turbulent sous-secrétaire d’État à la culture qui adore être sous les feux de la rampe se retrouve encore une fois sous le feu des critiques. L’incendie médiatique provoqué par ses propos sexistes et obscènes tenus cet été lors d’un débat au musée MAXXI s’est à peine éteint qu’un autre s’allume. 

Il est cette fois judiciaire mais surtout politique puisque son poste est désormais en jeu. Le quotidien Il Fatto Quotidiano a révélé l’énième scandale impliquant l’historien de l’art qui a plus habitué les Italiens à ses tonitruantes apparitions sur les plateaux de télévisions qu’à sa présence dans les salles des musées. 

En cause cette fois sa fréquentation des salles de ventes aux enchères et l’achat en octobre 2020 d’une toile de Vittorio Zecchin (1878-1947) pour 148 000 euros. Selon le parquet de Rome, Vittorio Sgarbi aurait acquis l’œuvre par l’intermédiaire de sa compagne pour la soustraire de son patrimoine, faussant ainsi sa déclaration de revenus et évitant que le fisc, qui lui réclame 715 000 euros, ne le saisisse.  

Une facture qui pourrait bientôt s’alourdir puisque le sous-secrétaire d’État est un véritable boulimique de charges institutionnelles (près d’une dizaine) et de prestations à des conférences ou des évènements publics divers et variés - tel que le concours de Miss Italie - en échange de généreuses rétributions. Les factures sont souvent émises par une société à la tête de laquelle il a placé sa secrétaire. Un leurre qui ne trompe pas l’administration fiscale. Depuis sa prise de fonction au ministère de la Culture, il y a tout juste 1 an, il aurait ainsi perçu environ 300 000 euros violant une règle de 2004 interdisant à tout membre du gouvernement l’exercice d’autres activités rémunérées. Autant de faits dénoncés par une source anonyme au sein du ministère qui révèle également le remboursement de notes de frais anormalement gonflées. 

C’est plus qu’il n’en faut pour que l’opposition réclame au plus vite la démission de Vittorio Sgarbi avec une motion de censure déposée par le M5S. L’intéressé se déclare « indigné » et crie « à la calomnie. J’ai toujours fait mon devoir et je ne vois pas ce qu’on peut me reprocher. Je n’ai aucune raison de quitter mon poste. On ne peut pas croire à n’importe quel ragot lancé par un corbeau ». Il devra pourtant faire preuve de plus de verve pour convaincre Giorgia Meloni actuellement aux prises avec les difficultés liées à sa séparation très médiatisée avec son compagnon. 

La présidente du conseil a fait part de son irritation et fait savoir qu’elle s’occuperait dès que possible de cette affaire. Vittorio Sgarbi ne pourra pas compter sur le soutien du ministre de la Culture. Gennaro Sangiuliano a déclaré ne plus lui parler depuis des jours et s’est plaint qu’on « lui ait imposé ce sous-secrétaire qu’il doit maintenant sortir du pétrin ». La situation du sous-secrétaire d’État à la culture ne cesse de s’assombrir et ses jours au sein du MIBAC seraient comptés. 

La multiplication de ses activités le détourne de celle qui devrait pourtant occuper sa débordante énergie : la protection du patrimoine Italien. A Bologne, la tour médiévale Garisenda, symbole de la ville avec sa voisine Asinelli, suscite l’inquiétude. La municipalité a limité le trafic autour des monuments car les instruments qui servent à mesurer leur stabilité ont révélé ces derniers mois une augmentation des oscillations. Vittorio Sgarbi ne s’est rendu sur place que cette semaine. Lui aussi tangue et espère ne pas assister à un effondrement que ce soit celui de sa carrière politique ou de la tour Garisenda. 
 

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