Saint-Denis met en scène la reconstitution de sa flèche

Saint-Denis (93). La Ville de Saint-Denis et son maire Mathieu Hanotin veulent faire de la reconstruction de la flèche de la basilique cathédrale « un véritable moteur de transformation territoriale ». C’est dans cette perspective que vient d’ouvrir un espace jouxtant la basilique, expliquant le chantier de la reconstruction. Il faut reconnaître que cet espace a belle allure. Les visiteurs peuvent regarder en direct des tailleurs et tailleuses (!) de pierre façonner des pierres qui vont être utilisées pour la construction ou des forgerons qui fabriquent ou réparent les instruments employés par les tailleurs. « Nous souhaitons être au plus proche des moyens de fabrication de l’époque », explique Hélène Zurita, salariée de l’une des entreprises du chantier. Par exemple, les tailleurs utilisent des outils traditionnels pour garder trace des stries que les ciseaux laissent à la surface comme avec les pierres du XIIe siècle. Le public peut dialoguer avec eux ou des médiateurs présents sur place, comme il peut se promener dans le jardin médiéval.

Un espace d’exposition offre à comprendre l’histoire de la basilique, de sa flèche et de ce chantier qui va durer cinq ans. Il se prolonge par une grande salle immersive (bien dans l’air du temps) qui plonge le visiteur dans une ambiance sonore et visuelle propice à la détente. Mais autant l’exposition est riche et bien conçue autant le spectacle immersif pourrait être plus dense en informations. Les édifices sont annoncés comme étant recyclés car construits dans des matériaux légers, privilégiant le bois.

À l’inverse du château de Guédelon, où tous les métiers travaillent à la reconstruction sur site avec les outils et les tenues d’époque, à Saint-Denis, le chantier n’est pas directement accessible au public. Cet espace intitulé « La fabrique de la flèche » est une forme de centre d’interprétation. Il vient s’ajouter au parcours de visite à l’intérieur de la cathédrale, géré par le Centre des monuments nationaux (CMN) qui en profite pour augmenter le prix de 11 à 17 euros, soit 1 euro de plus que pour monter dans les tours de Notre-Dame.

Sans être déterminantes, les recettes de la billetterie n’en sont pas moins importantes pour boucler le budget de reconstruction de 40 millions d’euros. Il reste encore 3 millions à trouver, ce qui ne semble pas effrayer le maire qui compte sur le mécénat, la privatisation de l’espace et les recettes de la billetterie. En 2024, 147 000 visiteurs sont entrés dans la nécropole royale. « Suivez la flèche », l’association qui porte le chantier de reconstruction et la gestion du nouvel espace vise un premier palier de 200 000 visiteurs, ce qui compte tenu d’un panier moyen de 6 euros et des recettes à reverser au CMN (1/3) rapporterait près de 800 000 euros, soit pas très loin du million d’euros que coûte le fonctionnement de la Fabrique de la flèche. Une offre originale de financement participatif a par ailleurs été mise en place par la Fondation du patrimoine dans laquelle il est possible (pour 400 €) de parrainer une pierre et de faire inscrire ses initiales dessus. À ce jour, 177 000 euros ont été récoltés.