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CATHÉDRALES

Le plan cathédrales, un chantier permanent

Par Marion Krauze · Le Journal des Arts

Le 10 novembre 2025 - 905 mots

Accélérés par le plan de relance de 2020, les chantiers de restauration de cathédrales suivent leur cours.

Chantier de rénovation de la cathédrale de Nantes, état des travaux en février 2025. © David Gallard
Chantier de rénovation de la cathédrale de Nantes, état des travaux en février 2025.
© David Gallard

France. L’incendie de Notre-Dame de Paris, suivi de celui de la cathédrale de Nantes, ont fait effet de catalyseurs, incitant l’État à redoubler d’efforts pour sécuriser et restaurer les cathédrales de tout le territoire. Ce coup d’accélérateur budgétaire prend alors la forme d’un plan cathédrales intégré dans le plan de relance initié en 2020, et pensé pour bénéficier à une cinquantaine de cathédrales (sur les 87 sous tutelle de l’État). En supplément des 40 millions d’euros qui leur sont habituellement attribués chaque année, 80 millions d’euros sont ainsi répartis sur 2021-2022 pour soutenir des travaux de restauration en cours. Sur deux ans, plus de 167 millions d’euros auraient ainsi été consacrés aux cathédrales, selon le ministère de la Culture.

La cathédrale de Bayeux après restauration. © Nicolas Barbanchon
La cathédrale de Bayeux après restauration.
© Nicolas Barbanchon

Grâce au plan, plusieurs cathédrales ont pu mener à terme leur restauration. Celle de la cathédrale de Bayeux s’est achevée en septembre, au terme de six ans de travaux à 6 millions d’euros (l’État avait avancé 800 000 €). À Strasbourg, la restauration de la coupole du chœur s’est achevée au printemps dernier pour un montant total de 2 millions d’euros. Les salles du trésor de la cathédrale d’Albi avaient quant à elles rouvert au public début 2023, après travaux à un million d’euros. Fin 2024, deux autres chantiers ont aussi pris fin : celui portant sur les charpentes, couvertures et vitraux de la cathédrale de Soissons (avoisinant les 12 millions d’euros) et celui mené à la basilique-cathédrale Saint-Denis, qui a bénéficié de 2,7 millions d’euros pour restaurer ses chapelles, vitraux et maçonneries (avant de lancer la coûteuse reconstruction de sa flèche, qui n’est pas prise en charge par l’État).

D’autres cathédrales, qui ont pu pour certaines se lancer dans des interventions un peu plus lourdes que prévu, sont toujours en cours de restauration. Elles sont désormais soutenues par un « plan cathédrales » au budget moindre, qui prévoit un peu plus de 50 millions d’euros chaque année pour leur restauration et 12 millions pour leur sécurisation (hors crédits alloués à Notre-Dame de Paris). La cathédrale de Chartres, qui avait reçu la plus grosse dotation dans le cadre du plan de relance (6,8 millions d’euros), a ainsi pu achever la restauration de son transept nord et s’attelle désormais aux bas-côtés de sa nef, avant rénovation de son portail sud dès 2027. Également bénéficiaire d’une importante enveloppe de relance (3,1 millions d’euros), la cathédrale de Beauvais – en chantier depuis 2022 – a reçu une somme complémentaire de 3,2 millions d’euros en 2025 pour poursuivre ses travaux de gros œuvre, dont l’achèvement est prévu pour 2028. Même chose à Nevers, à Toulouse, à Marseille ou encore à Vannes, où les interventions de réfection suivent leur cours.

L’attention se porte aussi sur la restauration de la cathédrale de Nantes, qui a récemment rouvert ses portes au public. En 2020, un incendie d’origine criminelle endommage sérieusement l’édifice, engagé depuis dans des travaux intensifs. À ce jour, l’État a mobilisé 20,9 millions sur les 32 millions d’euros nécessaires pour mener à bien le chantier, qui ne devrait pas s’achever avant 2030. Et parmi les autres grandes opérations en cours, figurent également des restaurations de flèches, particulièrement techniques. À Rouen, le fastidieux chantier – retardé par un incendie à l’été 2024 – devrait toucher à sa fin en 2027, après une décennie de travaux, 19 millions d’euros. La consolidation de la flèche de la cathédrale de Dijon, quant à elle, sera lancée au premier semestre 2026. Un chantier échelonné sur cinq ans, pour lequel l’État a déjà versé 4,2 millions d’euros (sur un montant total estimé à 22 millions).

La restauration de la cathédrale de Clermont-Ferrand vient elle aussi de débuter, avec deux ans de retard sur le calendrier initial (3,8 millions d’euros lui avaient déjà été octroyés dans le cadre du plan de relance, soit la deuxième plus grande dotation). Le dernier chantier en date d’une longue série de cathédrales en travaux, sans fin compte tenu de leurs besoins permanents d’entretien.

Restauration de la cathédrale de Clermont-Ferrand  


Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). Il faudra a minima six ans pour restaurer la cathédrale Notre-Dame-de-l’Assomption, qui domine la ville depuis le XIIIe siècle. Le chantier, tout juste débuté, s’annonce d’envergure. Dès 2017, un diagnostic avait pointé l’urgence de restaurer les toitures pour assurer l’étanchéité de l’édifice et préserver ses décors intérieurs. Sous la supervision de l’architecte Rémi Fromont (agence Covalence) en charge de la maîtrise d’œuvre, un programme de travaux est alors mis au point, échelonné sur plusieurs phases et chiffré à plus de 24 millions d’euros. Priorité au massif occidental avec la réfection de ses couvertures en plomb et en pierre. Les premières interventions portent sur l’installation d’une instrumentation à l’intérieur de la cathédrale pour suivre les fissures, ainsi que sur l’amélioration de la sécurité incendie par la mise en place de caméras thermiques dans les combles et parties hautes. Une colonne sèche sera également installée au niveau des deux flèches, qui culminent à près de 100 mètres de haut. Ces opérations, intégralement financées par l’État (8,2 millions d’euros), devraient s’achever courant 2026. Puis, à partir de 2027, la deuxième phase se concentrera sur la restauration des toitures et terrasses hautes du côté de la nef, du chœur et des transepts. Des travaux estimés à 16 millions d’euros, qui dureront plusieurs années. Enfin, une troisième phase, qui n’est pas encore programmée, devrait concerner les couvertures intermédiaires en pierre.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°664 du 31 octobre 2025, avec le titre suivant : Le plan cathédrales, un chantier permanent

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