Musée

Louvre : le rapport administratif se montre sévère sur la gestion de la sécurité

Par Jean-Christophe Castelain · lejournaldesarts.fr

Le 12 décembre 2025 - 531 mots

PARIS

L’audition du directeur de l’IGAC par le Sénat, hier, a permis de livrer les conclusions clefs du rapport non publié.

La salle d'audition des deux responsables de l'enquête administrative commandée par Rachida Dati suite au cambriolage du Louvre. © Public Sénat
La salle d'audition des deux responsables de l'enquête administrative commandée par Rachida Dati suite au cambriolage du Louvre.
© Public Sénat

L'audition des deux responsables de l'enquête administrative commandée par Rachida Dati au lendemain du cambriolage du LouvreNoël Corbin (Chef de l'Inspection générale des affaires culturelles, IGAC) et Pascal Mignerey (chef de la délégation à l'inspection à la recherche et à l'innovation de la direction générale des patrimoines et de l'architecture du ministère de la culture) - devant la commission de la culture du Sénat, mercredi 11 décembre, a permis d'établir que le cambriolage du Louvre n'est pas un incident fortuit.

Dès l'introduction, le président de la commission, Laurent Lafon, a donné le ton : « Les conclusions de cette enquête sont d'une grande sévérité et d'une certaine manière implacable, à rebours des éléments avancés devant notre commission par la présidente directrice du Louvre ; elle pointe la défaillance générale du musée comme de sa tutelle dans la prise en compte des enjeux de sûreté. »

L'enquête a mis en lumière une sous-estimation chronique du risque, qui s'est installée durablement dans la gouvernance de l'établissement. Noël Corbin a indiqué que « le risque de vol a été sous-estimé » sur une longue période.

Noël Corbin lors de son audition par le Sénat. © Public Sénat
Noël Corbin lors de son audition par le Sénat.
© Public Sénat

Ce défaut de vigilance trouve sa source dans un conflit de priorités où la « culture de l'accueil a primé sur celle de la sûreté ». Le rapport a établi que cette orientation a engendré un manque structurel de moyens et de volonté politique. Le Schéma Directeur de Sûreté, initié dès 2017 pour moderniser les dispositifs, illustre cette inertie : il a été « constamment repoussé », son lancement opérationnel étant désormais ajourné à 2026.

L'enquête s’est naturellement concentrée sur les défaillances ayant permis l'intrusion, en ciblant explicitement l'environnement du musée. La vidéosurveillance périmétrique, maillon essentiel de cette protection, s'est révélée inopérante. Le matériel est jugé obsolète et le PC Sécurité sous-équipé. Les experts ont expliqué qu’il y avait bien une caméra ayant filmé l'installation de la nacelle mais qu’elle fournissait des images de « mauvaise qualité » sans possibilité de faire un zoom.

L’audition n’est pas très claire sur le sujet mais l’on comprend que les agents ne regardaient pas les images en direct, qu’ils les ont visionnées avec un décalage, sans pouvoir les interpréter facilement. Le chef de l'IGAC a estimé que « à 30 secondes près, les agents ou les policiers auraient pu empêcher la fuite des voleurs ».

Le rapport met en évidence le morcellement des responsabilités : la direction de la sécurité est confondue avec la direction de l'accueil et de la surveillance, ce qui a dilué l'expertise en sûreté. Cette situation a freiné l'instauration d'une autorité unique et dédiée. Le sénateur Lafon a rappelé que la création d'un poste de responsable de la sûreté, recommandé dès 2017, est restée bloquée.

S’appuyant sur la lecture du rapport, Laurent Lafon souligne « que ces failles de sécurité avaient toutes été identifiées par plusieurs travaux antérieurs aux résultats largement concordant. Sont notamment annexés au rapport un audit de l'Institut national des hautes études de la sécurité de la justice réalisé en 2017 ainsi qu'un audit réalisé par le joaillier Van Cleef & Arpels en 2019, audit qui portait plus spécifiquement sur la galerie d'Apollon dans le cadre d'un mécénat de compétences techniques. »

Le Quai François Mitterrand et le balcon de la Galerie d'Apollon où étaient exposés les bijoux volés au Louvre © Photo Ludovic Sanejouand pour LeJournaldesArts.fr
Le Quai François Mitterrand et, au 1er étage du Louvre, le balcon de la Galerie d'Apollon où étaient exposés les bijoux volés le 19 octobre 2025.
© Photo Ludovic Sanejouand pour LeJournaldesArts.fr

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