Les stars de demain jouent dans la Cour Carrée

Par Bénédicte Ramade · L'ŒIL

Le 22 septembre 2009 - 1020 mots

Création émergente, éditeurs de multiples, livres et films d’artistes… Cour Carrée du Louvre sont rassemblées 67 galeries dont la démarche commune est : la recherche des futurs talents.

Éclectique, hirsute, la Cour Carrée devrait être davantage que l’an dernier une véritable caverne d’Ali Baba avec ses soixante-dix invités, les expositions du prix Duchamp et une nouveauté remarquable cette année. Outre les galeries françaises de pointe, le comité de la Fiac a en effet largement ouvert les portes du Louvre à de nombreuses nouvelles galeries, notamment étrangères.

Paris, de nouveau la place forte
Mais la Fiac 2009 se distingue surtout par un secteur ultraprospectif, sponsorisé par les Galeries Lafayette, pour lequel quatorze galeries ont été sélectionnées par un comité très tendance composé de Christine Macel, conservateur au Centre Pompidou, Marc-Olivier Wahler, directeur du Palais de Tokyo à Paris, et Hans-Ulrich Obrist de la Serpentine de Londres. Parmi les heureuses élues « pour la qualité de leur programmation prospective et sur la base d’un projet spécifique pour la foire comportant de un à trois artistes », on retiendra les jeunes et très en vue Balice Hertling, qui surfent sur l’actualité de leurs poulains. Le talentueux Oscar Tuazon est sélectionné pour le prix Ricard, Isabelle Cornaro a été omniprésente dans les expositions parisiennes de l’année passée et à l’honneur d’« Antidote 5 » (aux Galeries Lafayette), et le peintre Samuel Richardot est exposé à la Galerie, à Noisy-le-Sec. Du côté des Parisiens, ce sont également Lucile Corty et les Schleicher Lange qui jouent dans cette catégorie. Viennent parmi les Hollandais l’Amstellodamoise Ellen de Bruijne Projects, qui affiche une couleur nettement engagée et citoyenne avec les œuvres de Lara Almarcegui, Jeremiah Day et Luuk Wilmering. Les Britanniques de Hotel, Herald Street et Vilma Gold joueront des coudes au côté des Belges Catherine Bastide et Dependance. Du beau monde, très expérimental. Un sacré pari en temps de crise, mais il se dit partout que Paris redeviendrait une place forte. Ce serait un signe en tout cas. Et pour couronner le tout, un des artistes du secteur sera récompensé du tout nouveau prix Lafayette, proclamé le 21 octobre, avec à la clef l’entrée d’une œuvre dans la collection du groupe, une aide à la production et une exposition personnelle. Paris veut clairement se positionner sur l’échiquier international, ses jeunes collectionneurs en tête, comme Guillaume Houzé (héritier Lafayette et instigateur d’« Antidote » à la Galerie des Galeries, lire p. 22), derrière ce dernier projet.

Question de stratégie
Si beaucoup de professionnels optent pour la même stratégie panoramique qu’au Grand Palais (le medley maison), certains misent sur de nouvelles productions, comme c’est le cas chez Éric Dupont avec des pièces de Pascal Convert. La Galerie de Multiples a aussi produit en nombre : Franck Scurti, Saâdane Afif ou Hans Schabus notamment. Elle se verra concurrencée amicalement par Sémiose, transfuge de Slick, qui propose des productions de premier choix de Piero Gilardi et Taroop & Glabel. Chez Dominique Fiat, on retrouvera avec plaisir les revers de tableaux photographiés par Philippe Gronon, et chez Aline Vidal, une pièce de Stéphane Thidet, impressionnante table de billard dont le tapis s’est transformé en montagne surréaliste digne de Max Ernst. Les très récemment installés Denis Gaudel de Stampa et Triple V à Dijon réservent, eux aussi, leur assortiment maison. Avec une mention spéciale pour la firme dijonnaise : sans être une exposition collective, nul doute que les discussions seront savoureuses et pertinentes entre les photographies de Leo Fabrizio (repéré il y a quelques années pour des images de bunkers en Suisse), Gianni Motti, Mathieu Mercier ou encore Delphine Reist. Un stand à suivre donc, d’autant que derrière le patronyme de la galerie se cache notamment Vincent Pécoil, critique d’art émérite à qui l’on doit les deux volets du « Freak Show » à Lyon et Paris, un monument d’accrochage. Chez certains, le pari est lancé grâce à un stand « total » livré à un scénographe de luxe. Ainsi chez Loevenbruck, qui se distingue chaque année par la puissance visuelle de sa mise en espace et n’hésite pas à changer les pièces en cours de Fiac. Cette année, la galerie confie les manettes à l’architecte Édouard François, qui a conçu des modules pour une construction alternative, une carapace capitonnée et ultratechnologique qui ne manquera pas d’être spectaculaire. Inratable donc et recelant une foule de nouvelles productions tous azimuts, d’une palme en grès signée Dewar et Gicquel aux tableaux de Blaise Drummond, ainsi que les installations énigmatiques et cinématographiques d’une Virginie Barré et un Bruno Peinado au mieux de sa forme. Quant à Alain Gutharc, il réitère son amitié à Christian Lacroix en lui laissant le soin de s’accaparer l’accrochage du stand de manière « intime ». Reste que le label du couturier oblitère jusqu’aux noms des artistes qui seraient susceptibles de faire partie du jeu ! Enfin chez les ACDC, transfuges brestois à Bordeaux depuis 2008, le stand est confié à Pierre Labat et Sébastien Vonier, deux « spécialistes » d’un art faussement minimal mais réellement rétinien, plutôt séduisant. Du côté des galeries étrangères, pas mal de découvertes. On retiendra le projet de la Belge Sorry We’re Closed, débuté en 2008, qui affiche ici une belle impertinence, mélangeant sans vergogne Buffet et César à Kendell Geers ou Claire Fontaine. L’Allemand Figge von Rosen ou encore la Belge Annie Gentils réservent également de belles sélections d’artistes quasi invisibles en France. On va pouvoir remplir un tout nouveau carnet de bal, comme les curateurs de tous poils qui ne manqueront pas cette année encore de faire leurs courses en matière de programmation !

Claude Lévêque : 750 euros
Le Journal des Arts (groupe Artclair, éditeur de la revue L’œil) et Kamel Mennour (au Grand Palais) proposent pendant la Fiac une édition de Claude Lévêque réalisée à l’occasion de l’ouverture du pavillon français à la Biennale de Venise 2009.
La nuit, pendant que vous dormez, je détruis le monde, drapeau en soie naturelle noire de 120 x 180 cm, fabriqué et sérigraphié par les soieries Brochier, à Lyon. Deux anneaux insérés sur le bord supérieur pour l’accrocher au mur. Édition de 200 exemplaires plus 20 épreuves d’artiste.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°617 du 1 octobre 2009, avec le titre suivant : Les stars de demain jouent dans la Cour Carrée

Tous les articles dans Actualités

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque