Pris en étau entre la baisse des visiteurs et l’augmentation des coûts, de nombreux musées doivent tailler dans leurs effectifs.
Étas-Unis. Le Museum of Modern Art de San Francisco a supprimé 29 postes en mai dernier, le Brooklyn Museum (New York) 40 postes avant cela en février, le Solomon R. Guggenheim (New York) 20 postes, les musées municipaux de San Francisco 36 postes… La liste des musées américains obligés de tailler dans leurs effectifs en raison de difficultés budgétaires ne cesse de s’allonger. Il s’agit d’un moindre mal, car de nombreux « petits » musées ferment carrément à l’instar du Rubin Museum of Art (New York), du Bellevue Arts Museum à côté de Seattle (Washington) ou des musées d’universités tel celui de l’Université du New Hampshire.
Contrairement à la France où les musées sont essentiellement publics, majoritairement financés par des subventions et dont les effectifs relèvent de la fonction publique, aux États-Unis les musées sont privés, s’appuyant principalement sur des ressources liées aux entrées. Or les visiteurs ont du mal à revenir dans les musées. Selon l’American Alliance Museum (AAM), la moitié des musées adhérents n’avait pas retrouvé en 2024 leur fréquentation d’avant-Covid. Des facteurs divers expliquent cette baisse. Ce peut-être le télétravail, qui vidant des centres-villes a pour effet de réduire le nombre de visiteurs locaux, mais aussi la baisse des touristes, qui n’ont pas retrouvé le chemin des États-Unis après la pandémie ou qui boudent depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, ou encore tout simplement un changement de pratique culturelle pour certaines catégories de visiteurs.
À la baisse des recettes commerciales s’ajoutent des tensions sur les recettes de mécénat, qui représentent des montants significatifs aux États-Unis car il est de bon ton de donner à la communauté. Selon l’AAM, les philanthropes sont toujours là pour les grands musées comme le Met de New York ; en revanche, les petits donateurs font défaut. Et tout le monde ne dispose pas comme le Met d’un fonds de dotation gigantesque (3 milliards de dollars) qui permet de compenser le million de visiteurs perdus depuis 2019. Les ressources publiques, déjà maigres, se sont aussi taries, soit parce que les Villes coupent dans le budget municipal comme à San Francisco, soit en raison de la suppression des budgets des agences fédérales ordonnée par l’administration Trump.
Dans le même temps, les dépenses ont fortement augmenté pendant les années d’inflation (2021 à 2023), comme partout dans le monde. Face à ce redoutable effet de ciseau, les musées n’ont eu d’autres choix que d’augmenter le prix des billets et de réduire leur programmation culturelle, ce qui a eu en retour un effet négatif sur les entrées. Et comme les musées ne peuvent pas vendre d’œuvres de leur collection pour financer leur exploitation, ne reste plus en dernière solution que la réduction de la masse salariale.
Ces difficultés ne concernent pas seulement les États-Unis. Au Canada voisin, la Vancouver Art Gallery, qui accuse un déficit de près de 3 millions de dollars, a annoncé à la fin juin qu’elle allait supprimer au moins 30 des 130 postes au total.
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Les musées américains en mauvaise posture
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°659 du 4 juillet 2025, avec le titre suivant : Les musées américains en mauvaise posture