WASHINGTON / ÉTATS-UNIS
Le nouveau désengagement américain, sur fond de tensions géopolitiques et culturelles, est programmé pour fin 2026. Il reflète une rupture durable avec la ligne multilatérale de l’organisation.

Les États-Unis ont confirmé le 22 juillet 2025 leur retrait de l’Organisation des nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), effectif au 31 décembre 2026, sous l’impulsion du président Donald Trump, qui pointe un supposé « biais anti-israélien », des « causes sociales et culturelles clivantes » et une ligne politique jugée trop « woke ».
Les raisons du retrait sont en grande partie liées à des enjeux géopolitiques au Moyen-Orient, notamment l’admission de la Palestine comme État membre en 2011, que Washington juge contraire à sa politique pro-israélienne. D’autres motifs évoqués incluent l’influence perçue de la Chine au sein de l’Unesco, et la critique de ses politiques environnementales ou sociétales jugées excessivement tournées vers les agendas globaux du développement durable.
Ce retrait s’inscrit dans un contexte de récente réévaluation de l’engagement américain au sein des institutions internationales. En février 2025, un examen officiel de l’implication des États-Unis dans l’Unesco et d’autres agences onusiennes avait été lancé, focalisé sur l’évaluation de biais potentiels ou d’initiatives idéologiques telles que les objectifs de développement durable ou les politiques DEI (diversity, equity, inclusion). La décision finale n’a pas été précédée de négociations approfondies entre Washington et l’organisation.
Les relations entre les États-Unis et l’Unesco connaissent une trajectoire instable depuis plusieurs décennies. Membres fondateurs en 1946, les États-Unis se retirent pour la première fois en 1984 sous Ronald Reagan, dénonçant la politisation et la mauvaise gestion de l’agence onusienne. Ils réintègrent l’organisation en 2003 sous George W. Bush, puis se retirent de nouveau en 2017 sous Trump, invoquant unilatéralement un « biais anti-israélien continu » et des coûts jugés excessifs. En 2023, l’administration Biden salue les réformes menées depuis 2018 à l’Unesco et un plan de remboursement des arriérés de plus de 600 M$. Le nouveau retrait programmé fait écho à une trajectoire en boucle caractérisée par des entrées et sorties successives.
Ce retrait aura plusieurs conséquences pour les États-Unis et pour l’Unesco. Washington ne pourra plus participer aux instances décisionnelles, et va perdre son influence sur les normes internationales en éducation, patrimoine, sciences ou culture. L’instance onusienne perdra quant à elle la contribution financière des États-Unis. Même si elle représentait seulement 8 % du budget en 2025 contre 20 % en 2018, son absence risque d’affaiblir l’Unesco dans le pilotage de programmes mondiaux, notamment les sites du patrimoine mondial – dont 26 sont d’ailleurs situés sur le territoire américain. Audrey Azoulay, directrice générale de l’Unesco, a pourtant assuré que l’organisation était préparée à cette éventualité, grâce à une diversification de ses sources de financement.
En réaction, la France a publié une déclaration officielle déplorant la décision américaine, tout en réaffirmant son soutien indéfectible à l’Unesco, fondée en 1946 à Paris et dont la France reste le pays hôte. Le président Emmanuel Macron a exprimé son « soutien indéfectible à l’Unesco, protecteur universel de la science, de l’océan, de l’éducation, de la culture et du patrimoine ». Israël, quant à lui, a salué la décision américaine, estimant qu’elle constitue une étape nécessaire contre un traitement jugé injuste au sein des Nations unies.
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Les États-Unis actent leur retrait de l’Unesco
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