Un nouveau directeur pour l’Unesco

Khaled Ahmed El-Enany Ali Ezz (né le 14 mars 1971 à Gizeh), égyptologue de renom et ancien ministre du Tourisme et des Antiquités, est le nouveau directeur général désigné de l’Unesco. Le 6 octobre 2025, le Conseil exécutif l’a élu par 55 voix contre 2 face à Édouard Firmin Matoko (République du Congo), les États-Unis s’étant abstenus. La ratification finale par la Conférence générale, qui doit se tenir début novembre à Samarcande est a priori acquise.

Né dans une famille mêlant ingénierie (son père) et enseignement du français (sa mère), El-Enany a grandi dans un environnement bilingue et cultivé. Il obtient son baccalauréat scientifique en 1988 dans un lycée francophone du Caire, avant d’entrer à l’Université de Helwan, où il obtient en 1992 une licence de tourisme.

Très tôt, il s’oriente vers l’archéologie et l’égyptologie, poursuivant ses études en France à l’Université Paul-Valéry Montpellier III : il y obtient un diplôme d’études approfondies (DEA) en égyptologie (1998) puis un doctorat en 2001.

Revenu en Égypte, il rejoint l’Université de Helwan comme enseignant, d’abord dans le département de guide touristique, puis dans la faculté de tourisme et d’hôtellerie, atteignant le grade de professeur en 2011. Il est membre correspondant de l’Institut archéologique allemand (Berlin) et lié à l’Institut français d’archéologie orientale (IFAO).

Il a été nommé gouverneur (directeur général) du Musée national de la civilisation égyptienne (NMEC) en 2014, puis directeur du Musée du Caire en 2015-2016. Le 23 mars 2016, il entre au gouvernement comme ministre des Antiquités, succédant à Mamdouh Eldamaty. En décembre 2019, lors d’un remaniement, le ministère du Tourisme et le ministère des Antiquités sont fusionnés et El-Enany devient ministre du Tourisme et des Antiquités, poste qu’il occupe jusqu’en août 2022.

Durant ses années ministérielles, il a porté des projets à forte visibilité publique : la Pharaohs’ Golden Parade, pour le transfert cérémoniel de 22 momies royales vers le NMEC (2021) ; la réouverture de l’avenue des Sphinx à Louxor ; l’accélération du chantier du Grand Egyptian Museum.

Il va donc succéder à Audrey Azoulay qui au cours de ses deux mandats (2017-2025) a lancé une ambition de « transformation stratégique » de l’Unesco, visant à moderniser son pilotage, renforcer sa cohérence et investir de nouveaux champs (numérique, inclusion, éthique). Elle a fait adopter la recommandation sur l’éthique de l’intelligence artificielle, désormais un des textes de référence intergouvernementaux dans ce domaine. Cependant, c’est sous son mandat qu’est tombée la décision américaine de retrait, annoncée en juillet 2025, qui prendra effet fin 2026.

L’élection d’El-Enany ouvre un nouveau chapitre pour l’ONG. Il faut l’adapter à de nouveaux équilibres budgétaires. Sa fine connaissance du patrimoine matériel (musées, sites, fouilles) lui donne un socle légitime. Sa double crédibilité scientifique et diplomatique pourra jouer un rôle central dans les arbitrages internes. Sur le plan politique, il bénéficie d’un capital de confiance : soutiens de l’Union africaine, de la Ligue arabe, de plusieurs États européens (dont la France).