Le complexe muséal est sommé de modifier ses expositions, accusées de s’éloigner des valeurs américaines.
États-Unis. Les États-Unis célèbreront le 4 juillet 2026 le 250e anniversaire de leur naissance et Donald Trump entend bien que ces festivités consacrent sa croisade contre le mouvement « woke » au profit de la glorification des « idéaux traditionnels américains ». Dès son arrivée à la Maison-Blanche, il signe une série de décrets pour mettre fin aux programmes de « Diversité, Inclusion, Équité » (DEI) dans les administrations fédérales et indirectement chez les fournisseurs de ces administrations.
Quelques jours après, la Smithsonian Institution, un complexe fédéral de 19 musées principalement installés à Washington DC a dû fermer son bureau DEI. En mars, un nouveau décret présidentiel mène une charge cette fois directement contre la Smithsonian accusée d’être depuis quelques années, exemples à l’appui, « sous l’influence d’une idéologie clivante et raciale ». Trump demande à ce que ses représentants au conseil d’administration de la Smithsonian fassent en sorte « d’éliminer toute idéologie inappropriée » et demande au Congrès d’interdire tout financement d’exposition ou de programmes « qui dégradent les valeurs américaines communes ».

Mais comme cela ne semble pas aller assez vite aux yeux de Trump, celui-ci annonce, le 12 août dernier, qu’il va auditer le contenu des expositions et supports associés du Smithsonian. L’institution a 30 jours pour mettre ces matériels à disposition de l’administration et 120 jours pour modifier ce qui n’est pas conforme. Et pour que ne subsiste aucune ambiguïté sur ce qui n’est pas conforme, la Maison-Blanche publie le 21 août, un texte intitulé « Le Président Trump a raison s’agissant du Smithsonian », dans lequel sont recensés 22 faits illustrant les « dérives ». Cela va de la mise en évidence du drapeau arc-en-ciel (symbole de la communauté LGBT) au Musée national d’histoire américaine, à une exposition de Latinos en situation de handicap, en passant par une manifestation artistique consacrée à une représentation de la statue de la Liberté tenant une tomate dans sa main plutôt que la torche (?) ou un tableau montrant le franchissement illégal de la frontière (voir ill.). Au passage, Trump en profite pour régler ses comptes et condamne une animation présentée dans l’un des musées qui retrace la carrière d’Anthony Fauci, chef de la cellule de crise pour le Covid-19, avec lequel il était en profond désaccord.
Trump ne contrôle pas directement le Smithsonian, mais il dispose d’un levier redoutable via le financement de l’institution, dont 62 % du milliard de dollars de son budget annuel viennent de fonds publics. De nombreuses voix se sont élevées outre-Atlantique pour dénoncer cette ingérence de son administration dans la programmation du Smithsonian. Mais l’exemple récent des universités de Columbia et de Harvard, contraintes de faire des concessions pour sauver une partie de leurs financements fédéraux, montre bien que le Smithsonian n’est pas en état de résister. Trump a déjeuné le 28 août avec son directeur Lonnie G. Bunch III. Une façon de montrer à son opinion publique qu’il respecte une institution appréciée, mais l’on imagine aisément les paroles menaçantes du président entre la poire et le fromage.

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Le Smithsonian mis au pas en vue du 250e anniversaire des USA
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°660 du 5 septembre 2025, avec le titre suivant : Le Smithsonian mis au pas en vue du 250e anniversaire des USA









