Festival - Photographie

Le nouveau maire de Perpignan cajole Visa pour l’image

Par Christine Coste · Le Journal des Arts

Le 3 septembre 2020 - 728 mots

PERPIGNAN

Louis Aliot (Rassemblement national) s’est voulu rassurant à l’égard de son engagement pour le festival de photojournalisme, mais rien n’est acquis.

Perpignan. Lors de l’inauguration de la 32e édition du festival international du photojournalisme, samedi 29 août, Jean-François Leroy, son fondateur et directeur a rappelé qu’: « Il était essentiel de montrer aux photojournalistes que leur réunion annuelle continue à les soutenir et à présenter leurs travaux au monde entier. » Quelques minutes plus tôt, Renaud Donnedieu de Vabres, président du festival, avait également souligné à la même tribune du couvent des Minimes : « Il aurait été plus confortable d’annuler. C’eût été irresponsable.»

Plus que jamais la tenue de Visa pour l’image a valeur de symbole pour ses organisateurs dans un contexte de crise sanitaire et de victoire politique de Louis Aliot à la mairie de Perpignan, en juin dernier. Elle ne l’est pas moins pour le nouveau maire qui se savait très attendu : « Je tiens à le dire, l’an passé ici même, certains tentaient de vouloir faire croire que, si j’étais élu, mon premier objectif serait de mettre à mal le festival, voire de le supprimer. Or vous pouvez constater par vous-même, il n’en est rien. Visa pour l’image est toujours là et je m’en félicite, comme je me félicite que le Département soit redevenu cette année un partenaire à part entière. »

Mais André Bonet, adjoint du maire à la culture, est moins disert sur le futur des moyens alloués par la Ville à l’association Visa pour l’image. Pourtant le maintien du financement de la Ville est indispensable à sa survie. Avec une enveloppe de 630 000 euros, la Ville est son premier partenaire financier devant l’État (280 000 €), la Région (97 000 €) et la communauté d’agglomération (20 000 €). Enveloppe à laquelle il faut ajouter la mise à disposition des lieux et du personnel municipal pour l’accrochage, l’encadrement, l’accueil du public et des professionnels, le gardiennage des expositions et la maintenance, soit un ensemble de services évalués à 770 000 euros pour les trois semaines que durent le festival.

Quel avenir pour le CIP ?

Pour l’instant, la convention d’objectifs 2019-2022 qui définit le budget prévisionnel et les projets sur quatre ans de l’association, signée l’an dernier avec l’ensemble de ses partenaires publics, est une garantie. Mais ensuite, rien n’est assuré, notamment s’agissant du Centre international du photojournalisme (CIP). Créé en 2017 par l’association Visa pour l’image, ce centre prolonge durant toute l’année le festival au travers d’expositions, de résidences et d’actions d’éducation à l’image auprès des jeunes. Logé dans une aile du couvent des Minimes, le CIP espère augmenter ses espaces compte tenu de son ambition de devenir un acteur majeur dans la conservation et valorisation du travail des photojournalistes. André Bonet s’est cependant voulu rassurant : « La Ville, propriétaire des lieux, considère que ce centre a un rôle majeur à tenir. » Un premier test sera la nomination prochaine du directeur du CIP.

« Le festival est le navire amiral de l’association ; le CIP apporte une offre complémentaire et la volonté de lui fournir un lieu à l’année », souligne Renaud Donnedieu de Vabres, écartant toute concurrence entre les deux entités. Sur le 1,4 million du budget de l’association Visa pour l’image, un peu plus d’un million va au festival et 280 000 euros au CIP. Qu’en sera-t-il une fois l’accord signé par l’association, l’État et les archives départementales pour accueillir des fonds de photojournalistes et mener à bien les ambitions du CIP ?

Visa pour l’image 2020 a du souffle

Expositions. Moins d’expositions au menu de la 32e édition de Visa pour l’Image (20 au lieu de 25 l’an passé) et une édition amputée dans ses différents rendez-vous à cause de la crise sanitaire, mais la programmation a de quoi séduire. « Le visage humain du Covid-19 à New York » de Peter Turnley et sa mise en contrepoint avec l’exposition collective « Pandémie », regroupement de différents travaux de photojournalistes dans le monde, est l’un de ses temps forts. Le soulèvement à Hong Kong de la population suivi par Anthony Wallace ou par Nicole Tung en est un autre, avec celui d’Axelle de Russé sur le devenir de six femmes à leur sortie du centre de détention de Joux-la-Ville, dans l’Yonne. L’état des lieux mené par James Whitlow Delano sur la catastrophe environnementale que représente la consommation mondiale de plastique frappe tout aussi fort.

 

Christine Coste

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°550 du 4 septembre 2020, avec le titre suivant : Le nouveau maire de Perpignan cajole Visa pour l’image

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