Mémorial - Musée

Le futur mémorial-musée du terrorisme prend forme

Par Catherine Gimonnet · Le Journal des Arts

Le 30 octobre 2020 - 530 mots

PARIS

Lancé en juin dernier, le projet de musée consacré aux victimes des attentats devrait bientôt se préciser.

Mémorial du 11 septembre à New York. © NormanB, 2012, CC BY-SA 3.0
Mémorial du 11 septembre à New York.
Photo NormanB, 2012

Paris. Le président de la République l’avait annoncé lors de la cérémonie annuelle d’hommage aux victimes, le 19 septembre 2018 : la France se dotera d’un « musée du terrorisme ». Le lieu d’implantation reste à valider mais la décision devrait être prise dans les prochaines semaines. Du choix de ce site dépendra le périmètre financier du projet et le calendrier du chantier – et donc la date d’ouverture –, selon qu’il sera installé dans un bâtiment à réhabiliter ou dans un nouvel édifice. Plusieurs lieux ont été envisagés dans la première hypothèse : les espaces vacants du palais de justice sur l’île de la Cité, le toit de l’Arche de la Défense, ou encore l’ancien siège de L’Humanité à Saint-Denis, un bâtiment conçu par l’architecte brésilien Oscar Niemeyer, mais dont la réhabilitation s’avérerait coûteuse et dont la proximité avec le stade de France est fortement chargée du souvenir des attentats du 13 novembre 2015. La mission de préfiguration devrait retenir in fine un lieu facilement accessible à tous. Et suffisamment neutre pour que toutes les victimes d’attentats au cours de l’histoire récente se sentent concernées et honorées.

Le projet s’inspire d’une proposition du comité mémoriel institué en 2017 pour réfléchir aux formes que pourraient revêtir l’hommage national aux victimes. Sous l’égide du ministère de la Justice, une mission de préfiguration a été mise en place pour prolonger cette réflexion. Présidée par l’historien Henry Rousso, spécialiste de la Seconde Guerre mondiale, elle rassemblait une vingtaine de personnalités aux profils complémentaires : la scénographe Adeline Rispal, le directeur du Mémorial de la Shoah, Jacques Fredj ou encore Cliff Chanin, le vice-président du Memorial Museum de New York. Remis en mars dernier au président de la République, leur rapport a posé la première pierre de l’édifice en faisant plusieurs propositions structurantes.

Expliquer le terrorisme sans le banaliser

Très peu de musées au monde sont consacrés au terrorisme. Seuls les musées du Ground Zero, du Mémorial national d’Oklahoma City, ou d’Oslo en Norvège associent un musée à leur mémorial. Un centre mémorial des victimes du terrorisme devrait également ouvrir au printemps prochain à Vitoria-Gasteiz, au Pays basque, pour les victimes de l’ETA.

Tout en s’inspirant de ces expériences intimement liées aux drames meurtriers qu’elles commémorent, le projet français revendique sa singularité. Il combinera un mémorial et un musée d’histoire et de société, mais il devrait également afficher une vocation internationale, voire universelle. Concrètement, le Projet scientifique et culturel du futur musée se développera autour de quatre grands axes : l’histoire du terrorisme, la réponse de la société et ses conséquences, l’attention nouvelle portée aux victimes et enfin la mémoire, comme fait contemporain majeur. Ce projet a l’ambition de sortir du seul fait terroriste pour expliquer et comprendre la société contemporaine.

Au-delà de son rôle de réparation, le futur musée aura la tâche délicate d’expliquer le terrorisme sans risquer de le banaliser, en particulier auprès des jeunes publics. Alors que la France est de nouveau cruellement frappée par la barbarie, le lancement de ce projet, qui est suivi de près par l’Élysée, devrait être particulièrement attendu et commenté.

 

 

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°554 du 30 octobre 2020, avec le titre suivant : Un mémorial-musée du terrorisme pour la France

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