Archéologie

Le « big data » pour lutter contre le trafic d’antiquités égyptienne

Par Sindbad Hammache · lejournaldesarts.fr

Le 22 janvier 2019 - 440 mots

EGYPTE

Le British Museum veut enregistrer dans une base de données tous les objets sortis d’Egypte depuis le XIXe siècle.

Une des salles des collections égyptienne du British Museum
Une des salles des collections égyptienne du British Museum
© Photo Ludosane, 2015

En août 2018, le British Museum avait restitué à l’Irak des objets pillés durant le récent conflit. Le vénérable musée se veut exemplaires en la matière, en constituant une task force consacrée à la surveillance des antiquités égyptiennes pillées. Baptisée « Circulating Artefacts », cette équipe sera opérationnelle dès février 2019.

L’instabilité politique depuis le Printemps Arabe, le relâchement dans la sécurité et les constructions illégales sont autant de facteurs qui favorisent le pillage de sites archéologiques en Egypte. Pour lutter contre les pilleurs, une équipe de conservateurs basée à Londres travaillera avec leurs homologues au Caire et à Khartoum (Soudan), afin de repérer les objets à la provenance douteuse. A ce travail de terrain, s’ajoute une surveillance des mouvements sur le marché de l’art, dans les galeries, les maisons de ventes et sur les sites comme eBay. 

La base de données répertoriera des objets vendus légalement, illégalement ainsi que ceux dont le statut est incertain, afin de créer des recoupements entre eux. Marcel Marée, conservateur à l’origine du projet, estime que des dizaines de milliers d’objets pillés se trouvent sur le marché et dans les collections. Circulating Artefacts voudrait ainsi enregistrer les 80 000 objets vendus depuis 1970 (année de la convention UNESCO sur le trafic illicite d’objets d’art). A long terme, il s’agirait d’inclure aussi tous les objets sortis d’Egypte depuis l’engouement pour les Pharaons au XIXe siècle. 

Le site du British Museum précise que si cette base de données est consacrée uniquement aux objets venant d’Egypte et du Soudan, la plateforme et ses mécanismes basés sur des recherches par image et par provenance pourraient servir à d’autres régions. La base ne sera pas ouverte au public.

Le site publiera le nom de tous les vendeurs et maisons de ventes qui choisissent de soumettre les objets issus de leur catalogue au crible de la base de données et à l’œil aguerri des conservateurs du projet. Marcel Marée veut ainsi responsabiliser les acteurs du marché de l’art : les marchands qui se feront remarquer si leur nom n’est pas sur la liste, et les acheteurs qui auront à leur disposition une liste d’antiquaires souhaitant exercer leur activité en toute légalité. 

Ce projet lancé par le British Museum est financé à hauteur d’un million de livres (environ 1,1 million d’euros) par le Cultural Protection Fund. Il y a urgence, Marcel Marée se dit « alarmé par certaines pratiques répandues dans le marché de l’art. Plus on s’y intéresse, plus on remarque des habitudes de laxisme, de dissimulation et de malversation. »

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