Restitutions

La France oppose une fin de non-recevoir aux demandes de restitutions du Bénin

Par Marine Vazzoler · lejournaldesarts.fr

Le 13 mars 2017 - 479 mots

PARIS [13.03.17] – Le Bénin avait officiellement demandé à la France le 26 août 2016 de lui restituer ses trésors nationaux emportés pendant la colonisation. Le ministre des Affaires étrangères français s’y est opposé dans une lettre rendue publique récemment.

Statues du Bénin du XIXe s. appartenant au musée du Quai Branly
Statues du Bénin du XIXe s. appartenant au musée du Quai Branly
Photo Shonagon

En juillet 2016, le gouvernement béninois a demandé officiellement à la France de lui restituer des biens culturels emportés lors de la guerre coloniale. Dans une lettre datant du 26 août 2016, le ministre des Affaires étrangères béninois Aurélien Agbenonci rappelle « qu’en 1892, à la défaite des troupes du royaume du Danxomè, les armées coloniales françaises, en arrivant à Abomey ont détruit le palais du roi Béhanzin et emporté de nombreux objets extrêmement précieux qui se trouvent aujourd’hui dans plusieurs collections publiques et privées de la République française, notamment au Musée du Quai Branly. »

Après quelques mois, le ministre des Affaires étrangères français Jean-Marc Ayrault a répondu négativement à cette requête, précisant qu’ayant ratifié la convention de l’Unesco en 1970 et l’ayant mise en application en 1997, la France ne pouvait pas restituer ces collections dahoméennes à la République du Bénin. Cette convention n’est pas rétroactive et « Les biens que vous évoquez ont été intégrés de longue date, parfois depuis plus d’un siècle, au domaine public mobilier de l’Etat français. Conformément à la législation en vigueur, ils sont soumis au principe d’inaliénabilité, d’imprescriptibilité, et d’insaisissabilité » explique-t-il dans la lettre.

Ayant pris connaissance de ce courrier, le journal Jeune Afrique a contacté le ministre du Tourisme et de la Culture béninois Ange Nkoué qui a indiqué qu’une délégation se rendrait « très prochainement à Paris pour débloquer la situation. »

Marie-Cécile Zinsou, présidente de la Fondation Zinsou au Bénin, pense que « pour arriver à contester la possession française, il faut des armes énormes. Je ne pense pas qu’une simple lettre de bonne volonté suffise. »

Une discussion diplomatique sur le sujet entre le Bénin et la France devrait intervenir et le ministre béninois Ange Nkoué dit avoir mis en place une commission de coopération muséale pour débloquer la situation. « La France doit prendre exemple sur d’autres pays qui ont accepté une démarche similaire à la nôtre » a-t-il plaidé auprès du journal Jeune Afrique.

La France a déjà restitué des objets et reliques, mais cela concerne surtout des restes humains. Ce fut ainsi le cas lors de la restitution des têtes Maori à la Nouvelle-Zélande qui en avait fait la demande à plusieurs pays dont la France et l’Australie. Une de ces têtes avait été donnée par un collectionneur au Musée de Rouen à la fin du XIXe siècle et y était exposée depuis 1996. Un cas plus récent concerne des objets d’art. En 2015 l’antiquaire Christian Deydier et l’homme d’affaires François Pinault avaient annulé une donation de plaques en or au Musée Guimet faite 15 ans auparavant pour les redonner à la Chine.

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