Musée

Un futur musée d’art premier au Nigeria avec des prêts européens

Par Elise Kerner-Michaud · lejournaldesarts.fr

Le 24 octobre 2018 - 420 mots

PAYS-BAS

Le Benin Dialogue Group a annoncé que plusieurs grands musées européens allaient prêter des œuvres à un musée qui pourrait se créer au Nigeria. 

Statues du Bénin du XIXe s. appartenant au musée du Quai Branly
Statues du Bénin du XIXe s. appartenant au musée du Quai Branly
Photo Shonagon

Réuni aux Pays-Bas au début du mois, le Benin Dialogue Group est parvenu à un accord prévoyant le prêt de nombreuses pièces emportées par les pays européens au Nigeria pendant la période coloniale. Selon Artnet news, ces œuvres doivent contribuer à l’émergence d’un musée national dont l’ouverture est prévue pour 2021. 

Les détails concernant la durée des prêts n’ont pas été communiqués, néanmoins on sait que l’ensemble inclura plusieurs bronzes provenant du palais royal de l’ancien Royaume du Bénin (actuelle région du Nigeria, à ne pas confondre avec la République du Bénin, ancienne colonie française du Dahomey), pillé lors d’une expédition britannique en 1897. 

Le Benin Dialogue Group, qui regroupe de nombreux dirigeants de musées autrichiens, allemands, néerlandais, suédois et anglais ainsi que des représentants officiels nigérians, se rencontre régulièrement depuis 2007 pour travailler aux questions relatives aux restitutions. 

L’annonce des prêts, et non de restitutions, par les musées européens a suscité des réactions variées. Le prince Gregory Akenzua  de l’ancien royaume s’en réjouit  et déclare : « Je suis heureux des progrès réalisés dans les efforts pour rendre de nouveau à notre peuple l’accès à notre héritage spolié ». De son côté, Jürgen Zimmerer, professeur d’histoire à l’université de Hamburg est moins enthousiaste et souligne que « cela ne doit néanmoins pas remplacer les discussions concernant la propriété de ces œuvres et leur restitution ».

La France n’a de son côté pas encore annoncé quelles seraient les mesures prises concernant les nombreuses pièces de ses collections provenant des patrimoines africains saisies pendant la période coloniale. Suite à une déclaration inattendue d’Emmanuel Macron, qui affirmait en 2017 : « Je veux que d'ici cinq ans les conditions soient réunies pour des restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain en Afrique », une mission avait été confiée à deux experts, l'historienne de l'art Bénédicte Savoy et l'écrivain et  universitaire sénégalais Felwine Sarr. Leur rapport, dont les enjeux sont à la fois politiques, juridiques et patrimoniaux, est attendu courant novembre. 

En juin dernier, se tenait au siège de l’Unesco à Paris la conférence internationale « Circulation des biens culturels et du patrimoine commun : quelles nouvelles perspectives ? » au cours de laquelle le président de la République du Bénin, Patrice Talon, rappelait la demande de restitution des biens formulée en 2016 au gouvernement français, et qui avait été rejetée par Jean-Marc Ayrault, alors ministre des Affaires étrangères français. 
 

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