Politique culturelle - Europe

La culture fait son entrée au G20

Par Olivier Tosseri, correspondant en Italie · Le Journal des Arts

Le 3 septembre 2021 - 700 mots

ROME / ITALIE

Pour la première fois, les ministres de la Culture des pays du G20 se sont réunis pour placer la culture au centre de la relance post-pandémie.

Rome.« Qui osera nous contester le statut de grande puissance culturelle ? », s’enorgueillissait la presse transalpine en publiant largement les photographies du G20 des ministres de la Culture, un sommet de deux jours qui s’est tenu les 29 et 30 juillet derniers à Rome. Dario Franceschini a accueilli ses confrères ainsi que la directrice de l’Unesco, Audrey Azoulay, et le secrétaire général de l’OCDE, au centre du Colisée avant de les réunir dans le grand salon du palais Barberini. Après plus d’un an d’une pandémie qui l’a mis à genoux, le monde de la culture n’attend pas de miracle pour se relever mais la juste reconnaissance de son importance. « Ce secteur est crucial pour la reprise économique et nous y investirons 7 milliards d’euros dans le cadre de notre plan de relance, a déclaré le président du conseil, Mario Draghi, en ouvrant les travaux. Il convient de développer les nouvelles technologies pour valoriser notre patrimoine, mais également de le protéger, en particulier des changements climatiques. Entre 15 et 20 % des sites culturels italiens sont menacés d’inondations et plus de dix sites classés au patrimoine mondial de l’Unesco sont en danger en raison de l’élévation du niveau de la mer. »

Des thèmes qui figuraient au cœur des échanges entre les ministres, développés autour de cinq axes : le rôle moteur de la culture et des industries créatives pour la relance et la croissance durable, la protection du patrimoine et la lutte contre le trafic illicite de biens culturels, les changements climatiques, la formation et l’éducation, et enfin la transition numérique. « Nous sommes tous comme après une grande guerre, a estimé Dario Franceschini, nous vivons dans une époque de grandes inquiétudes, mais aussi de grands espoirs. La culture va nous aider en étant un outil décisif de la croissance économique et du développement durable de nos sociétés. » Il en veut pour preuve l’inscription pour la première fois de la culture à l’agenda du G20, un forum par nature purement économique. Sa présence y sera désormais permanente.

Les ministres appellent à intégrer la culture dans les stratégies nationales de relance économique et sociale post-pandémie. Ils ont adopté et signé à l’unanimité une « Déclaration de Rome » en trente-deux points qualifiée d’« ambitieuse et d’historique ». L’importance de protéger les travailleurs du secteur culturel avec des aides publiques adéquates et des rémunérations équitables y est inscrite. Alberto Garlandini, président (*) de l’Icom (International Council of Museums) a ainsi mis en garde contre « le risque que la culture ne perde les personnes les plus qualifiées et motivées ». D’après le dernier rapport de son organisation, un tiers des travailleurs indépendants dans le secteur ont perdu leur emploi dans le monde.

Les « casques bleus de la culture »

L’accent a également été mis sur la préservation du patrimoine dans la lutte contre le réchauffement climatique ou encore le renforcement de la coordination dans la lutte contre le trafic international de biens culturels, qui a reculé de 17 % à la faveur de la pandémie. Les « casques bleus de la culture » seront également internationalisés et pérennisés. En 2016, un corps de carabiniers et d’experts italiens des biens culturels avait été mis en place en lien avec l’Unesco. Le but était d’inclure la question de la préservation du patrimoine dans les missions de maintien de la paix de l’Onu. L’Italie est pour l’instant le seul pays à mettre à disposition une centaine de personnes qui opèrent dans les zones de crise ou dans celles frappées par des catastrophes naturelles. Elles organisent la protection de sites dans des lieux à risque, forment du personnel sur place pour la tutelle des biens en danger et luttent contre le trafic d’art.

La déclaration des ministres de la Culture sera soumise aux dirigeants du G20, qui se réuniront en octobre prochain à Rome, pour qu’ils reconnaissent dans leur déclaration finale, la nécessité d’accroître les investissements dans le secteur culturel.

ERRATUM - 2 juin 2022

(*) Contrairement à ce que nous avions écrit dans le JdA n°572, Alberto Garlandini est le président de l’Icom et non son directeur, poste occupé par Peter Keller depuis 2017.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°572 du 3 septembre 2021, avec le titre suivant : La culture fait son entrée au G20

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