Italie - Justice - Police

La pandémie a facilité le travail des carabiniers italiens

Les mesures de confinement ont fait diminuer les vols et permis une meilleure surveillance des parcs archéologiques. En 2020, plus d’un demi-million d’objets et d’œuvres d’art ont été retrouvés par les gendarmes italiens du patrimoine.

Rome. En 2020, la pandémie de Covid-19 a suspendu l’activité du monde de l’art mais pas celle des 300 carabiniers du Comando Carabinieri per la Tutela del Patrimonio Culturale (TPC, Commandement des carabiniers pour la protection du patrimoine culturel). Cette unité de la gendarmerie italienne a retrouvé la trace de plus d’un demi-million d’œuvres perdues ou volées. « Son méticuleux travail ne s’est pas arrêté et a permis de restituer 501 574 biens culturels à leurs propriétaires légitimes », s’est félicité le ministre de la Culture, Dario Franceschini. L’essentiel des œuvres récupérées, dont la valeur totale est estimée à près de 34 millions d’euros, concernent des antiquités et des livres anciens (483 978 pièces), puis des vestiges archéologiques, paléontologiques et des objets numismatiques (17 596 pièces). Pas moins de 1 547 contrefaçons ont été mises sous séquestre en 2020, soit une hausse de 43 % sur un an. Parmi elles, il y a eu de nombreux « faux » Giacomo Balla, De Chirico, Warhol et même un faux Van Gogh. Des toiles qui, si elles avaient été vendues sur le marché, représenteraient une valeur estimée à 415 millions d’euros.

Les vols d’œuvres ont baissé de 17,6 %

Les carabiniers du TPC, tout en qualifiant 2020 d’« annus horribilis » pour le monde culturel, insistent sur les « conséquences positives du confinement dans leur lutte contre les voleurs de la beauté ». Car les voleurs aussi ont souffert des restrictions imposées à la liberté de mouvement comme des fermetures des lieux culturels. Les vols ont ainsi diminué dans l’ensemble de 17,6 % en un an, surtout s’agissant des églises (– 17 %), des musées (– 21 %) et des bibliothèques (– 50 %). Pendant les mois de confinement, les carabiniers ont ainsi pu surveiller à l’aide de drones de manière plus efficace les parcs et les sites archéologiques privés de visiteurs. Comme tout le monde, ils ont fréquenté encore plus Internet et les réseaux sociaux, passant au crible plus de 34 000 objets répertoriés par les catalogues des salles de vente ainsi que par les différents sites de vente en ligne. 12 181 pièces, le plus souvent des vestiges archéologiques, des livres et des monnaies, ont été retirées du marché pour une valeur de 11 millions d’euros.

Les hommes du TPC ne se sont pas contentés de retirer des œuvres du marché, ils en ont aussi rapatrié en Italie. Parmi celles qui ont flatté l’orgueil des autorités transalpines en 2020, la tête d’une divinité romaine du Ier siècle av. J.-C. disparue depuis 1977 de l’entrée du Forum romain où elle se trouvait, ou un portrait de gentilhomme de Titien. Ou encore une toile estimée à 6 millions d’euros qui avait été illégalement exportée en Suisse. « Ce sont des succès obtenus grâce à l’étroite collaboration avec Europol et Interpol mais aussi à notre diplomatie culturelle, insiste le général Roberto Riccardi, à la tête du TPC. Les nouvelles technologies avec lesquelles nous travaillons nous permettront d’annoncer des résultats encore meilleurs. » Ces technologies visent à améliorer « Leonardo », la plus vaste banque de données au monde avec plus de 1,3 million d’œuvres d’art et de vestiges archéologiques recensés. En un peu plus d’un demi-siècle, le TPC a déjà pu en retrouver et en restituer environ 3 millions à leurs propriétaires légitimes.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°567 du 14 mai 2021, avec le titre suivant : La pandémie a facilité le travail des carabiniers italiens

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