Musée

L’ICOM tente de redéfinir le musée

Par Sindbad Hammache · Le Journal des Arts

Le 3 juin 2022 - 574 mots

MONDE

Le Conseil international des musées doit étudier les propositions de définitions alternatives, après l’échec de 2019.

Assemblée générale de l'ICOM à Kyoto en 2019. © ICOM
Assemblée générale de l'ICOM à Kyoto en 2019.
© ICOM

Monde. En août prochain, une impression de déjà-vu flottera sur l’assemblée générale du Conseil international des musées (ICOM), qui se tiendra à Prague. Les comités nationaux devront encore une fois se prononcer sur l’adoption d’une nouvelle définition du musée… Comme en 2019. L’ICOM proposait alors un texte de définition long, voire alambiqué, tenant compte démonstrativement des nouveaux enjeux d’ouverture au public (« inclusifs et polyphoniques », « participatifs et transparents», jusqu’au « bien-être planétaire »), mais en oubliant les notions centrales de conservation et d’éducation. Ce qui n’avait pas manqué de provoquer un tollé, notamment parmi les conservateurs français.

Lors de l’assemblée générale extraordinaire de l’organisation en septembre 2019, à Kyoto, les délégations nationales avaient voté pour le report de l’adoption de cette nouvelle définition. La présidente (*) de l’ICOM, Suay Aksoy, avait alors présenté sa démission. La conservatrice turque, qui portait haut le chantier de redéfinition depuis sa nomination en 2016, était mise en difficulté tant par le contenu de la définition, que par la méthode de travail, manquant de transparence. Cette fois, un processus clair, en douze étapes, auxquels ont participé tous les comités nationaux, répartis en groupe de travail, a abouti à cinq propositions, désormais réduites à deux. Une consultation ouverte jusqu’au 20 mai va permettre de trancher entre les finalistes.

Mots-clés pour une nouvelle définition

Entamé en décembre 2020, ce travail de longue haleine porté par un comité ad hoc (ICOM Define) a d’abord consisté en l’identification des mots-clés qui devaient figurer dans cette définition. En ressortent des termes déjà présents dans la définition actuelle, adoptée en 2007, parmi lesquels l’« éducation » et la « conservation » omis en 2019, et plébiscités par les comités nationaux. Pour définir l’entité, le mot « institution » s’impose, et pour la qualifier, « sans but lucratif » est de loin l’expression la plus citée. C’est l’idée de « recherche » qui arrive en tête pour cerner les actions du musée, devant la « conservation », et une autre notion absente de la définition actuelle, la « collection ». Dans les deux propositions en ballottage, le verbe « collecter » remplace « acquérir », reflétant plus justement l’action des musées.

La proposition de 2019, malgré ses défauts, avait vu juste en insistant sur la notion d’« inclusivité », qui est la première valeur associée au musée par les comités consultés. Elle figure dans les deux textes finalistes, avec quelques autres notions absentes de la définition en vigueur : la « durabilité », l’action d’« interprétation » (qui convoque le terme de « médiation », absent des débats), ou l’exigence d’« accessibilité ».

Autre nouveauté, les deux définitions qualifient l’action des musées comme « éthique et professionnelle ». Un professionnalisme qu’il faut articuler avec la « participation » du public dans le fonctionnement du musée, un terme qui a pris le pas sur les idées de « découverte », de « savoir » ou de « dialogue » pourtant autant, voire plus, citées pour décrire l’expérience du visiteur.

Entre les deux propositions retenues, les différences sont ténues : la première varie dans sa définition du patrimoine, qui est culturel mais aussi « naturel », une idée absente de la seconde proposition. En revanche, cette dernière insiste, dans la description du champ d’action des musées, sur le « partage des connaissances », qui s’ajoute aux objectifs d’éducation, de réflexion, et de plaisir, qu’elle a en commun avec la première définition. Quant au « bien-être planétaire », il n’en est plus question.

ERRATUM - 2 juin 2022

(*) Contrairement à ce que nous avions écrit dans le JdA n°590, Suay Aksoy était la présidente de l’Icom et non sa directrice.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°590 du 27 mai 2022, avec le titre suivant : L’Icom tente de redéfinir le musée

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