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La gestion du Mont-Saint-Michel pointée du doigt par la Cour des comptes

Par Romain Bouvet · lejournaldesarts.fr

Le 14 février 2013 - 553 mots

PARIS

PARIS [14.02.13] – Mardi 12 février 2013, la Cour des comptes a rendu son rapport annuel. Les Sages de la rue Cambon y remettent en question le projet de désensablement du Mont-Saint-Michel dont par ailleurs la gestion et le suivi financier leur semblent préoccupant.

Déjà pointé du doigt par l’Unesco en juillet dernier, le projet de rétablissement du caractère maritime du Mont-Saint-Michel défraie la chronique en ce moment avec les récentes poursuites engagées contre le maire du Mont pour « prise illégale d’intérêt » dans l’affaire du circuit des navettes touristiques. C’est à présent au tour de la Cour des comptes qui dans son rapport annuel qu’elle vient de remettre a jugé le projet « mal conduit », qualifiant la gestion du syndicat mixte du Mont-Saint-Michel et l’action conjointe de l’État « d’ambigu ».

Le rapport va même plus loin et remet en question indirectement l’utilité de ce projet pharaonique en rappelant qu’au terme de ces travaux, le caractère totalement maritime du Mont-Saint-Michel ne sera rétabli que durant « quelques heures seulement […] ce qui est à mettre en regard avec le coût total des travaux engagés.» Le résultat final peut en effet sembler infime, comparé aux 184 millions d’euros prévus pour l’aménagement du site. Par ailleurs, rien ne garanti le succès complet de l’opération de désensablement du site. Une fois les infrastructures en place, il faudra attendre 2025 avant de pouvoir vérifier leur efficacité.

Les Sages ont tout de même retenu quelques points encourageants, en rappelant par exemple que depuis l’entrée en service du barrage sur le Couesnon en 2009, les surfaces ayant repris un caractère maritime sont passées de 125 à 156 hectares autour du Mont.

La gestion du syndicat mixte Baie du Mont-Saint-Michel, qui regroupe les régions Basse-Normandie et Bretagne, le département de la Manche et les communes du Mont-Saint Michel, de Beauvoir et de Pontorson est mise en cause, la Cour ayant constaté « une réalisation opérationnelle défaillante ». L’amélioration des conditions d’accueil du public et la mise en place des différents modes de dessertes ont particulièrement été critiquées. Outre l’emplacement très discutable du départ des navettes, les maringotes (navettes à cheval) prévues en plus des bus n’ont toujours pas été mises en fonctionnement. De plus, il est récemment apparu que la future passerelle ne permettrait pas aux véhicules motorisés de doubler les navettes hippomobiles, ce qui laisse présager des difficultés concernant la prise en charge du flux important de touristes.

La Cour fait également remarquer que si les contributions des membres du syndicat mixte ont été définies en 2006 proportionnellement aux fonds nécessaires à la réalisation du projet, aucun budget alloué à l’entretien et au coût de fonctionnement du site terminé n’a encore été anticipé. Passé l’horizon 2015 qui devrait voir la fin des travaux, le futur site est pour l’instant « non financé ».

Afin de remédier aux différentes défaillances détectées, la Cour et la chambre régionale des comptes de Basse-Normandie et Haute Normandie ont émis quelques propositions. La prise en charge financière et logistique du projet étant à l’évidence très lourde, les Sages préconisent une implication plus active de l’Etat en tant que contrôleur financier du syndicat mixte ainsi que la mise en place d’une réflexion sur le futur du site et d’un financement suivi, notamment par l’évaluation des futures charges de fonctionnement et d’entretien du site.

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Le Mont Saint-Michel - © Photo ltdan - 2009 - Licence CC BY 2.0

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