Italie - Accident

Un nouvel épisode sismique désastreux en Italie

Par Carole Blumenfeld · lejournaldesarts.fr

Le 19 janvier 2017 - 736 mots

ITALIE [19.01.17] - Quatre tremblements de terre de magnitude supérieure à 5 ont secoué à nouveau l’Italie centrale mercredi. Les chutes importantes de neige empêchent de mesurer l’ampleur de ce nouveau drame humain et patrimonial.

Le tremblement de terre du 24 août (magnitude 6,2) à Amatrice avait fait près de 300 morts, deux mois plus tard, le 26 octobre deux tremblements successifs avaient à nouveau bouleversé la région (magnitude 5,4 et 6,1) et le 30 octobre la forte secousse de 6,5, la plus puissante depuis 1980 en Italie, avait été si violente qu’elle fut ressentie jusqu’en Autriche, mettant à mal des milliers d’habitations et provoquant des dégâts patrimoniaux majeurs, des centaines de monuments s’étaient écroulés ou présentaient des failles sérieuses. 20 000 personnes étaient encore relogées début janvier.

Depuis fin août, 45 000 secousses ont été enregistrées, soit une toutes les quatre minutes. Les experts parlent d’un essaim sismique exceptionnel ou d’un phénomène de « contagion sismique » c’est-à-dire un effet domino puisque tous les épicentres ne sont pas situés sur la faille du 24 août, certains correspondent par exemple à celle du tremblement de 2009 qui avait détruit le centre de l’Aquila, faisant près de 300 morts (6,3).

Les quatre tremblements de terre qui ont à nouveau touché la zone hier (mercredi 18 janvier) avec des épicentres à une vingtaine de kilomètres au sud des séismes précédents, ne sont donc pas une surprise. L’historien de l’art Alessandro Delpriori, maire de la commune de Matelica où 600 des 10 000 habitants sont toujours relogés, a expliqué au Journal des Arts que le bilan humain est sans commune mesure avec celui du 24 août malgré la force des séismes parce que la plupart des bâtiments détruits, endommagés ou jugés à risque depuis août et octobre avaient été désertés.

La présence de fortes quantités de neige est en revanche beaucoup plus inquiétante. Les secours ne parviennent pas à accéder à toutes les zones sinistrées, une trentaine de personnes seraient toujours prisonnières à une cinquantaine de kilomètres plus à l’est dans un hôtel à Farindola en partie recouvert par une avalanche après les secousses, la structure aurait glissé de dix mètres.

D’une manière générale, il est trop tôt pour mesurer l’impact de ce nouveau séisme et de la neige sur les constructions de la région. A Amatrice par exemple, on compte près d’un mètre cinquante de neige et on sait déjà que le Campanile de Sant’Agostino qui avait jusque-là résisté, est cette fois-ci à terre. L’architecte et professeur à l’Institut Politecnico de Milan, Stefano Boeri, qui est en charge de la reconstruction des plusieurs lieux de vie et de travail à Amatrice, a expliqué au Journal des Arts la nuit dernière, que le poids de la neige est un risque supplémentaire pour les habitations puisque celles qui avaient subi des dommages mais dont les structures demeuraient « saines » risquent fort d’être mises à mal.

La volonté locale de rester sur les territoires reste pourtant toujours très forte : « Reconstruire est l’unique solution, tout en sachant qu’il faut apprendre à cohabiter avec ce monstre ». Pour lui, comme pour le maire d’Amatrice Sergio Pirozzi, la destruction des monuments est à ce stade une préoccupation secondaire compte tenu de l’urgence humaine. Il est vrai que la plupart des œuvres d’art « mobiles » de la région ont été mises en sécurité au cours des derniers mois. Ce n’est pas le cas de toutes les fresques bien sûr.

En réalité, ce qui est beaucoup plus inquiétant d’un point de vue patrimonial est la disparition irréversible d’un « paysage culturel et artistique » dans des dizaines de villages (voir à ce sujet Le Journal des Arts n°467 du 11 novembre 2016). L’archéologue Alessandro Viscogliosi, professeur à La Sapienza, qui avait justement assuré un cours sur le tissu urbain d’Amatrice, a attiré notre attention sur sa qualité : « La caractéristique la plus importante d’Amatrice, refondée à la fin du XIIIe siècle avec son cadre parfaitement préservé, où seuls quelques bâtiments et églises avaient été reconstruits après la destruction du prince d’Orange en 1529 et le tremblement de terre de 1639, était la lisibilité de sa conception urbaine sous la forme de la Saint Laurent. La pauvreté d’Amatrice faisait que la plupart des maisons étaient faites de pierres et de boue provenant du fleuve Tronto –le calcaire étant absent, la chaux coûtait trop cher. Tout ceci ne pourra jamais être retrouvé. »

Légende photo

Photo prise par les pompiers italiens :
- le 19 janvier 2017, l'hôtel Rigopiano dans la région des Abruzzes près de Farindola en Italie.
- le 18 janvier 2017 : L'église à Amatrice
© photo Vigili del Fuoco / DPA

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