Italie - Musée - Photographie

Turin, ouverture d’un nouveau musée privé de la photographie

Par Olivier Tosseri, correspondant en Italie · Le Journal des Arts

Le 1 juillet 2022 - 797 mots

TURIN / ITALIE

La plus importante banque italienne a créé un musée consacré à l’image et à l’art vidéo. Il conserve le plus grand fonds d’archives de photojournalisme italien.

Entrée de la Gallerie d'Italia à Turin. © Michele D’Ottavio
Entrée de la Gallerie d'Italia à Turin.
© Michele D’Ottavio

Turin (Italie). « Un musée, quatre villes. » C’est le slogan des Galleries d’Italia mis à jour le 17 mai dernier avec l’ouverture d’un nouveau musée consacré à la photographie à Turin. La pandémie n’aura pas réussi à freiner l’activisme culturel de la principale banque transalpine, Intesa Sanpaolo. Après Milan, Naples et Vicence, c’est donc le palais Turinetti, le siège historique du groupe né en 2007, qui est choisi pour abriter la quatrième Gallerie d’Italia.

Situés place San Carlo, au cœur de la ville, ses 10 000 mètres carrés s’étalent sur cinq étages. Les caveaux et les salles servant à accueillir les clients illustres de la banque ou ses réunions les plus prestigieuses ont entièrement été repensés par l’architecte Michele De Lucchi et réaménagés à l’issue d’un chantier de seize mois. Aucun parcours n’est imposé au visiteur qui arpente librement l’espace. L’étage noble propose une sélection d’œuvres représentatives du baroque piémontais du XIVe au XVIIIe siècles issues de la collection de la Banque. Mais c’est avant tout vers la photographie que ce nouveau musée se tourne. En son centre, une salle multimédia immersive de 40 x 14 mètres, dotée de dix-sept projecteurs 4K.

Mémoire visuelle italienne de 7 millions de photos

En 2015, la banque rachète les archives de Publifoto, l’une des plus importantes agences italiennes de photojournalisme, qui devaient prendre la direction du Getty Museum (États-Unis). Elle acquiert ainsi environ 7 millions de clichés des années 1930 aux années 1990, véritable mémoire visuelle de la Péninsule, de son évolution sociale et économique.

Vue de l'exposition sur les archives Publifoto. © Michele D’Ottavio
Vue de l'exposition sur les archives Publifoto.
© Michele D’Ottavio


Ces archives sont consultables sur place aussi bien par le public que par les universitaires. 30 000 photographies ont déjà été numérisées et 10 000 sont d’ores et déjà accessibles sur un écran LED de 6 x 2,50 mètres permettant au visiteur de réaliser sa propre recherche par dates ou mots-clés et de télécharger les photographies sur son téléphone portable grâce à une application spécialement mise au point. « Cette collection est un témoignage du passé. Nous exposons actuellement une sélection intitulée “De la guerre à la Lune 1945-1969” retraçant ce quart de siècle du miracle économique à la conquête de l’espace, explique le directeur des Galleries d’Italia, Michele Coppola. Mais le musée de Turin veut également saisir les grands thèmes transversaux du présent et du futur que nous devons affronter, comme l’inclusion sociale, la guerre, les migrations ou encore la crise climatique. »

Ce dernier sujet fait l’objet de la première exposition temporaire « La fragile merveille. Un voyage dans la nature qui change » du photographe Paolo Pellegrin. C’est la première des commandes originales qu’effectue le musée pour sa programmation déjà établie pour les deux prochaines années. Suivra une exposition sur les inégalités sociales de l’Américain Gregory Crewdson, présentée par la suite aux Rencontres de la photographie d’Arles. Cristina Mittermeier, avec le National Geographic, présentera un projet sur les océans, tandis que Paolo Verzone documentera la collaboration entre l’Agence aérospatiale européenne et la NASA en vue du prochain voyage sur la Lune prévu en 2025.

Intesa Sanpaolo prend en charge financièrement à la fois le travail de l’artiste et la production de l’exposition. Les clichés intégreront ensuite les quelque 35 000 œuvres de la collection qui rassemble aussi bien des objets archéologiques que des toiles de grands maîtres, tels que le Caravage, Rubens ou encore le Pérugin.

Une ambition internationale

« Notre ambition est de donner à l’Italie ce qui lui manquait jusqu’ici : une institution consacrée à l’image et à la photographie avec des modalités innovantes, des technologies d’avant-garde et une ouverture sur le monde du numérique, insiste Michele Coppola. Nous voulons nous inscrire dans un contexte européen et plus largement international. Celui des musées et des fondations culturelles qui ont déjà compris, depuis longtemps, l’importance de l’art vidéo et de la photographie. Mais nous n’oublions pas l’importance du dialogue avec la ville de Turin. »

Plus de 30 000 visiteurs ont déjà franchi le seuil du nouveau musée dans lequel seront également organisés des cycles de conférences et de rencontres. Ils aborderont notamment les thèmes de réflexion des dix-sept « Objectifs de développement durable » fixés par les Nations Unies. Des liens étroits seront enfin noués avec les universités et les écoles de la ville, avec un accès gratuit au musée pour les visiteurs de moins de 18 ans.« Ce musée n’est pas figé et sera nécessairement en constante évolution liée à celle de la technologie et du numérique, qui offrira de nouvelles opportunités, se réjouit Michele Coppola. J’aimerais qu’il bénéficie de la même affection que les autres grandes institutions culturelles qui donne à Turin son identité, comme le Musée égyptien ou celui du cinéma. Mais surtout qu’il devienne une référence internationale en matière de photographie. »

Gallerie d’Italia-Turin,
palais Turinetti, place San Carlo, 156, 10121 Turin, Italie.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°592 du 24 juin 2022, avec le titre suivant : Turin, ouverture d’un nouveau musée privé de la photographie

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