Art ancien - Collection

L’État confirme son intention de prêter la Tapisserie de Bayeux

Par LeJournaldesArts.fr · lejournaldesarts.fr

Le 27 août 2025 - 494 mots

En réponse aux inquiétudes sur le transport de la tapisserie, l’ancien conseiller d’Emmanuel Macron se veut rassurant.

Tapisserie de Bayeux - 4542©Ville de Bayeux
Tapisserie de Bayeux
© Ville de Bayeux

Philippe Bélaval, l’ancien conseiller culture du Président de la République – toujours pas remplacé – est monté au créneau face aux critiques sur le prêt de la Tapisserie de Bayeux, pour expliquer que le transport routier serait privilégié : « Il y a une étude extrêmement précise, signée par plusieurs personnes ». Certains spécialistes estiment que malgré un dépoussiérage et une stabilisation préalable, le prêt reste risqué. Le chargé de mission se veut rassurant : « Le ministère de la culture fait une étude complémentaire sur la résistance aux vibrations de la tapisserie et la possibilité de les supprimer pendant le transport, pour qu’il soit sans danger. »

L’annonce du prêt de l’œuvre au British Museum le 8 juillet dernier a suscité un certain enthousiasme, mais aussi rencontré des oppositions. Cécile Binet, conseillère musées à la DRAC Normandie, ainsi qu’Isabelle Attard, ancienne directrice du Musée de la Tapisserie de Bayeux et députée écologiste ont exprimé leur désaccord. Cette dernière a ainsi expliqué : « la valeur [de la tapisserie] est incalculable et si quelque chose lui arrive, aucune somme d’argent ni aucun autre objet similaire ne pourra la remplacer. »

Les inquiétudes sont partagées au Royaume-Uni. Michael Daley, directeur d’ArtWatch UK, a déclaré au Telegraph : « Ce qui est particulièrement inquiétant dans le déplacement des œuvres d’art, c’est qu’elles sont intrinsèquement vulnérables et susceptibles d’être endommagées par un certain nombre d’accidents possibles ou probables – coups, vibrations, chutes, fluctuations de température et d’humidité, etc. – et même d’être complètement perdues lorsqu’elles sont transportées par eau ou par avion. »

60 000 personnes ont signé une pétition initiée par La Tribune de l’Art, contre le prêt, qualifié par le blog militant de « crime patrimonial ». La pétition met en avant l’état de conservation préoccupant de la tapisserie.

Ce prêt, annoncé lors du sommet franco-britannique de juillet, a une portée diplomatique. En contrepartie, le Royaume-Uni prêtera le trésor de Sutton Hoo (VIIe siècle), les figurines d’échecs de Lewis (XIIe siècle) et le bouclier de Battersea (Ier siècle av. J.-C.). L’exposition au British Museum est prévue entre l’automne 2026 et juillet 2027, dans le cadre de l’année européenne des Normands, célébrant le millénaire de la naissance de Guillaume le Conquérant.

Le prêt est rendu possible par la fermeture du musée pour travaux à partir de septembre 2025. La réouverture, prévue en 2027, offrira 115 m² supplémentaires d’espace d’exposition ainsi que de nouveaux dispositifs de présentation. Le chantier, estimé à 38 millions d’euros, inclura des aménagements spécifiques pour accueillir la broderie.

Longue de 70 mètres, la Tapisserie de Bayeux aurait été commandée par l’évêque Odon de Bayeux, demi-frère de Guillaume le Conquérant, entre 1070 et 1077 pour la cathédrale de Bayeux. Probablement brodée à Canterbury, elle retrace la conquête de l’Angleterre en 1066 et la bataille d’Hastings. Inscrite au registre « Mémoire du Monde » de l’Unesco, c’est un témoignage majeur de l’histoire européenne et un objet fondateur de l’identité anglaise, en raison de l’influence normande sur la langue, l’architecture et l’élite du pays.

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