Un monastère aragonais exige l’exécution rapide de la décision de justice ordonnant le retour des peintures emportées en 1936.
Huesca (Aragon, Espagne). Le ton monte entre l’Aragon et la Catalogne après la décision de justice de cet été ordonnant la restitution par Barcelone de fresques à l’Aragon. L’histoire remonte à la guerre civile espagnole, lorsque des peintures murales romanes de la fin du XIIe siècle de la salle capitulaire du monastère de Santa Maria de Sigena furent transférées, conservées et aujourd’hui exposées au Musée national d’art de Catalogne (Mnac) à Barcelone [voir ill.]. Les circonstances de ce transfert ne sont pas totalement établies, mais selon certains historiens aragonais, le monastère aurait été incendié par des miliciens catalans républicains avant que le gouvernement catalan de l’époque ne déplace les fresques. Puis, dans les années 1970, le monastère est progressivement restauré et l’Aragon demande tout naturellement le retour des fresques. Sans succès.
Poursuivant le Mnac en justice, l’Aragon obtient une première décision favorable en 2016, confirmée en appel en 2020 puis en cassation le 28 mai 2025. À la suite de ce long marathon devant les tribunaux, un juge de Huesca (Aragon) fixe un délai de sept mois pour la restitution. Mais en retour, le musée catalan affirme l’impossibilité technique de déplacer les œuvres, invoquant un risque « irréversible » en cas de détachement du support mural et de déplacement. À tout le moins, il demande un délai d’exécution beaucoup plus long pour assurer ce transfert et souhaite aussi pouvoir visiter le monastère pour vérifier les conditions de réexposition des peintures. Des atermoiements qui agacent la partie aragonaise.
Ce déplacement d’une œuvre n’est pas sans rappeler la polémique actuelle sur le prêt par la France à l’Angleterre de la tapisserie de Bayeux : plusieurs experts soulignent la fragilité de la tapisserie et les risques que ferait peser le déplacement, ici dans les deux sens puisque la tapisserie doit (en principe !) revenir en France.
Les fresques médiévales ont été détachées du mur en conservant une fiche couche de mortier. Elles ont ensuite été fixées sur des toiles montées sur des châssis rigides et arrimées sur les murs du musée. Elles sont donc en théorie mobiles et transportables, nonobstant les risques sur la couche picturale et son adhésion à la couche de mortier, pour un déplacement terrestre de 250 km entre Barcelone et Villanueva de Sigena.
Mais contrairement à la France où le débat porte essentiellement sur le caractère intransportable de la tapisserie, en Espagne le conflit prend une dimension politique entre les deux provinces. Les velléités d’indépendance de la Catalogne en 2017 ont laissé de profondes traces dans la société espagnole. Un collectif aragonais appelle des citoyens de la région à venir manifester le samedi 27 septembre devant le musée de Barcelone afin d’exiger la restitution des fresques.
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Tensions entre l’Aragon et la Catalogne autour de la restitution de fresques
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°661 du 19 septembre 2025, avec le titre suivant : Tensions entre l’Aragon et la Catalogne autour de la restitution de fresques









