Pour la première fois prêtée, la célèbre tapisserie normande rejoindra le British Museum pendant les travaux de rénovation à Bayeux.

L’annonce du prêt de la Tapisserie de Bayeux par Emmanuel Macron a été largement relayée par la presse internationale, notamment anglophone, ainsi que par plusieurs personnalités culturelles britanniques. Lisa Nandy, secrétaire d’État à la Culture, a ainsi déclaré : « La Tapisserie de Bayeux est l’une des pièces d’art les plus iconiques jamais produites au Royaume-Uni. » Nicholas Cullinan, directeur du British Museum, a ajouté : « La Tapisserie de Bayeux est l’un des objets culturels les plus importants et uniques au monde. Elle illustre les liens profonds entre la Grande-Bretagne et la France et a fasciné des personnes de tous horizons et de toutes générations. »
Le président Emmanuel Macron a en effet annoncé le 8 juillet dernier la signature d’un accord de prêt de la Tapisserie de Bayeux au British Museum. Pour la première fois depuis près de neuf siècles, l’œuvre sera exposée à la Sainsbury Exhibitions Gallery du musée le plus visité du Royaume-Uni (6,5 millions de visiteurs en 2024), accompagnée d’objets contemporains – d’automne 2026 à juillet 2027.
La tapisserie n’a jamais quitté le territoire français jusqu’à présent. La salle au British a été sélectionnée pour ses dispositifs de conservation avancés et sa capacité d’accueil. Le prêt est rendu possible par la fermeture du Musée de Bayeux pour rénovation. En échange, le Royaume-Uni prêtera le trésor de Sutton Hoo (VIIe siècle), les figurines d’échecs de Lewis (XIIe siècle) et le bouclier de Battersea (Ier siècle av. J. C.).
Le Royaume-Uni avait précédemment sollicité le prêt de la broderie pour le couronnement d’Élisabeth II (1953) et le 900e anniversaire de Hastings (1966), mais la France avait décliné, invoquant des raisons de conservation. En 2018, lors des négociations du Brexit, Macron avait proposé un prêt, finalement ajourné en raison de l’état de dégradation de la Tapisserie. Un rapport de 2021 faisait état de déchirures, plis et trous. Malgré un dépoussiérage et une stabilisation, son état de conservation continue de susciter des inquiétudes.

La Tapisserie de Bayeux, longue de 70 m, fut probablement commandée par l’évêque Odon de Bayeux, demi-frère de Guillaume le Conquérant, pour la cathédrale de Bayeux (1070-1077), au moment de sa construction. Brodée sans doute à Canterbury, elle illustre la conquête de l’Angleterre en 1066 et la bataille d’Hastings par Guillaume le Conquérant lors d’une guerre de succession. Inscrite au registre Mémoire du Monde de l’Unesco, c’est un témoin de l’histoire fondatrice de l’Angleterre moderne – l’influence normande ayant profondément transformé l’élite, l’architecture et la langue. La broderie revêt donc une importance patrimoniale et culturelle majeure pour les Anglais.
Ce prêt s’inscrit dans l’Année européenne des Normands, organisée par la Normandie à l’occasion du millénaire de la naissance de Guillaume le Conquérant. Il s’accompagne d’un programme culturel pan-européen (Royaume-Uni, Irlande, Italie, Norvège, Danemark), comprenant expositions, colloques, créations – notamment une tapisserie de l’artiste Hélène Delprat – et la réouverture du Musée de Bayeux.
Les travaux, qui devraient débuter en septembre 2025 pour se conclure en 2027, ajouteront 115 m² au musée, installeront une table inclinée pour accueillir la Tapisserie et moderniseront le parcours de visite. Le budget, estimé à 38 M€, est financé par l’État, la région Normandie, le Calvados et Bayeux. La programmation reste à confirmer.
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Prêt de la Tapisserie de Bayeux : des réactions enthousiastes au Royaume-Uni
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