Paris - Fréquentation - Musée

Les musées de la Ville de Paris retrouvent leurs visiteurs

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 29 septembre 2022 - 688 mots

PARIS

Le retour des touristes en Île-de-France et la réouverture réussie du Musée Carnavalet expliquent en partie la bonne fortune des musées municipaux.

Intérieur du Petit Palais à Paris. © François de Dijon, 2014, CC BY-SA 4.0
Intérieur du Petit Palais à Paris.

Paris. Anne-Sophie de Gasquet, qui a pris la direction de Paris Musées il y a un peu plus d’un an en pleine tourmente « Covid » et après la disparition brutale de Delphine Lévy, peut commencer à souffler. La fréquentation des quatorze musées municipaux a augmenté de 35 % par rapport à 2021, mais surtout elle a retrouvé son niveau de 2015, le dernier périmètre comparable avant la fermeture de plusieurs sites. Pas moins de 3,1 millions de visiteurs sont venus depuis le début de l’année, un chiffre à comparer aux 3,3 millions de visiteurs du Louvre au premier semestre 2022.

Cette reprise de la fréquentation s’explique d’abord par le retour des touristes en Île-de-France. Avec une progression de 22 % par rapport à 2021, le tourisme francilien n’a pas encore retrouvé le niveau de 2019 (- 23 %) mais il s’en rapproche. Les musées municipaux semblent même s’en sortir mieux que les grands sites culturels nationaux (Louvre, Orsay, Versailles), qui accusent tous une baisse d’environ 30 % par rapport à l’année d’avant le Covid.

L’atout de la gratuité

« Ce bon résultat s’explique aussi par le plan de rénovation de nos musées qui touche à sa fin », souligne la directrice. La Maison de Victor Hugo et plus encore le Musée Carnavalet ont rouvert en mai 2021, après de longs travaux qui ont suscité chez le public l’envie de redécouvrir ces lieux. Carnavalet a ainsi accueilli, à la fin août 2022, 663 000 visiteurs contre 433 000 pour toute l’année 2014, avant la refonte du parcours. La gratuité d’accès aux collections permanentes, surtout pour le Musée Carnavalet qui offre à voir un bel ensemble d’œuvres sur l’histoire de Paris, est un atout. D’ailleurs ce sont les entrées gratuites dans les collections permanentes qui ont dopé la fréquentation, les entrées payantes dans les expositions sont en baisse de 21 % par rapport à l’année de référence, 2015, malgré quelques scores honorables tels « Albert Edelfelt (1854-1905) » au Petit Palais ou « Une histoire de la mode » au Palais Galliera.

Les Français ont semble-t-il redécouvert les musées municipaux parisiens, puisqu’ils représentent 64 % du visitorat contre 52 % avant la crise. « La réservation en ligne a sans doute contribué au retour des visiteurs français, ainsi assurés d’avoir une place et d’entrer rapidement », explique Anne-Sophie Gasquet. La réservation sur Internet est une pratique qui va sans doute perdurer, elle représente toujours 64 % des ventes après la crise, alors qu’elle n’était que de 20 % en 2018. Autre chiffre encourageant, le nombre d’adhérents à la carte annuelle Paris Musées est passé de 15 000 à 22 000. L’établissement public veut continuer à fidéliser le public local en incitant chaque mois l’un des musées du réseau à destiner une offre aux familles.

Les finances de l’établissement public restent cependant toujours sous tension et il a plus que jamais besoin de la subvention de la Ville pour son fonctionnement : celle-ci apporte 74 % des ressources (80 M€ au total) contre 70 % en 2015. En contrepartie de la gratuité d’entrée dans les collections permanentes, Paris Musées mise beaucoup sur ses expositions payantes et un peu (3 M€) sur les recettes de privatisation et de tournage pour équilibrer son budget. Un budget où les coûts de personnel (1 000 agents) pèsent très lourd (63 % contre 61 % en 2015), alors que le budget alloué aux expositions est passé de 8,6 M€ en 2015 à 7 M€ en 2021.Avec l’inflation générale et l’augmentation des coûts de l’énergie, l’établissement public devra sans doute solliciter plus encore la Ville pour boucler 2022 et préparer le budget 2023.

Paris Musées doit aussi composer avec un turnover important dans ses équipes. Christophe Leribault (Petit Palais), Amélie Simier (Bourdelle) et Jeanne Brun (Zadkine) ont ainsi rejoint des opérateurs nationaux, entraînant un jeu de chaises musicales : Annick Lemoine a pris la succession de Christophe Leribault, laissant elle-même sa place au Musée Cognacq-Jay à Pascal Faracci. En sens inverse, Agnès Benayer a quitté récemment la direction de la communication du Centre Pompidou pour celle du développement des publics et de la communication de Paris Musées.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°595 du 23 septembre 2022, avec le titre suivant : Les musées de la Ville de Paris retrouvent leurs visiteurs

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