Italie - Archéologie

Le port antique d’Aenaria, entre histoire et mythe

Par Quentin Humblot · lejournaldesarts.fr

Le 22 juillet 2025 - 457 mots

ISCHIA / ITALIE

Enfouie sous six mètres d’eau, la cité d’Aenaria dans le golfe de Naples livre depuis 2011 des traces d’un port antique structuré, actif dans les échanges méditerranéens. Des thermes romains s’ajoutent à la liste récente des découvertes.

Depuis 2011, des recherches archéologiques sont menées dans la baie de Cartaromana, au large d’Ischia, sur le site de la cité engloutie d’Aenaria. Submergée à environ six mètres de profondeur à la suite d’une éruption volcanique au IIe siècle, cette ville romaine fait l’objet d’un programme structuré d’archéologie sous-marine, centré sur la reconstitution de ses structures portuaires et résidentielles.

Les fouilles récentes ont mis en évidence le rôle économique de la cité à l’époque impériale. Outre l’identification d’un quai en opus caementicium, associé à des murs en opus reticulatum et à des vestiges de villas, les opérations ont révélé la présence d’activités métallurgiques et navales : des restes de fonderies, des fragments de statues ainsi que des amphores de différentes provenances témoignent de l’intégration du site dans les réseaux d’échanges méditerranéens. L’exploitation de galène et la découverte de blocs de plomb confirment cette activité. Selon la documentation muséale, le nom d’Aenaria proviendrait du terme latin aenum, désignant le métal.

Un dispositif muséographique a été mis en place pour restituer les différentes phases d’occupation du site, notamment au moyen d’une animation 3D intitulée « 2000 ans sous la mer. À la recherche du port d’Aenaria ». En 2020, l’épave d’un bateau romain a également été retrouvée dans la baie.

La valorisation du site s’appuie sur un modèle combinant financement participatif et logistique assurée par la coopérative locale Marina di Sant’Anna. Des activités à destination du public, comme des sorties en bateau à fond transparent et des ateliers pédagogiques, participent à la médiation tout en soutenant l’étude et la conservation du site. La Soprintendenza Archeologia, Belle Arti e Paesaggio de Naples coordonne le volet scientifique, en lien avec des laboratoires universitaires spécialisés.

La redécouverte d’Aenaria remonte à 1972, lorsqu’un premier bloc de métal a été remonté à la surface. Après une phase de prospection entre 1973 et 1975, les fouilles archéologiques méthodiques ont été engagées en 2011, révélant progressivement la topographie du site.

Les fouilles sont conduites sous la direction d’Alessandra Benini. La Soprintendenza de Naples assure la coordination scientifique, tandis que la Marina di Sant’Anna est chargée de l’exploitation touristique et culturelle du site, sous la coordination de Giulio Lauro.

Le programme se heurte à plusieurs contraintes : les courants limitent la durée des interventions sous-marines et complexifient les opérations de documentation et de conservation. Le financement reste fragile, malgré l’implication de sponsors privés.

Les résultats des recherches indiquent qu’Aenaria constituait un pôle stratégique dans le golfe de Naples. Sa disparition est attribuée à l’activité volcanique, aux tsunamis successifs et aux transformations morphologiques de la baie.

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