Archéologie

Quelle est cette épave retrouvée en mars dernier au large de Ramatuelle ?

Par Quentin Humblot · lejournaldesarts.fr

Le 20 juin 2025 - 605 mots

Une campagne sous-marine a permis d’identifier un navire de la Renaissance, gisant intact avec sa cargaison à 2 500 m de profondeur.

L'épave découverte par plus de 2 500 m de profondeur au large de Ramatuelle. © Marine Nationale
L'épave découverte par plus de 2 500 m de profondeur au large de Ramatuelle.
© Marine Nationale

Lors d’une campagne de sondage menée par la Marine nationale à l’aide d’un drone sous-marin, le 4 mars dernier, est détectée la présence d’un objet massif au large de Ramatuelle, dans le golfe de Saint-Tropez. Un robot téléguidé est alors déployé et capture les premières images d‘une épave reposant à 2 500 mètres de profondeur. Longue de 30 mètres et large de 7 mètres, elle renferme une cargaison remarquablement bien conservée.

Baptisé provisoirement « Camarat 4 », en attendant une identification formelle, le navire a été étudié pendant deux mois. Le 11 juin 2025, le Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (Drassm), rattaché au ministère de la Culture, a rendu publique la découverte. Il s’agirait d’un navire marchand de la Renaissance, vraisemblablement destiné à la navigation en Méditerranée. Les premières observations suggèrent qu’il aurait quitté la région de Ligurie, au nord de l’Italie.

La cargaison comprend environ 200 cruches en faïence peintes à la main, ornées de motifs végétaux ou d’inscriptions religieuses telles que « IHS » - une abréviation du nom de Jésus en grec. On y trouve également une centaine d’assiettes de couleur jaune, des barres métalliques non identifiées et six canons. 

Pour le Drassm, cette épave « constitue une découverte remarquable par sa profondeur, son caractère inédit ». Une modélisation photogrammétrique 3D du site est en préparation, accompagnée de prélèvements ciblés. Un collège d’experts a été constitué pour analyser le navire et de sa cargaison. Ces études devraient durer jusqu’en 2026. Le matériel disponible étant inadapté aux grandes profondeurs, une collaboration avec l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) est envisagée. Une exposition numérique est annoncée pour 2027.

La découverte soulève également des questions environnementales. Des déchets contemporains - tels que des canettes et des pots de yaourt - ont été retrouvés à proximité de l’épave, témoignant de la pollution en eaux profondes. Le ministère souhaite ainsi associer ce projet archéologique à une démarche de sensibilisation du public, à la fois sur les enjeux de conservation du patrimoine sous-marin et sur l’impact des déchets anthropiques.

A une profondeur record de 2 500 mètres, « Camarat 4 » dépasse celle de l’épave du sous-marin français La Minerve, retrouvée en 2019 près de Toulon à 2 370 mètres, et qui détenait jusqu’alors le record pour une épave localisée dans les eaux françaises. D’autres découvertes ont également marqué les dernières années : en juin 2025, le HMS Endeavour, l’un des navires utilisés par le capitaine James Cook lors de ses expéditions dans le Pacifique, a été identifié au large des États-Unis. Ce navire, considéré comme l’un des premiers à avoir accosté en Australie, avait disparu depuis plus de deux siècles.

En 2015, une équipe colombienne a retrouvé au large de Carthagène l’épave du galion espagnol San José, coulé en 1708 lors d’un affrontement naval avec les Britanniques. Il aurait contenu quelque 200 tonnes d’or, d’argent et de pierres précieuses désormais plongées à 600 mètres de profondeur.

En 2022, le SS Némésis, transporteur de charbon australien disparu en mer en 1904, a été localisé par hasard au large de Wollongong, en Nouvelle-Galles du Sud. Pris dans une tempête, le navire avait sombré avec 32 personnes à bord. C’est une société spécialisée dans la récupération de conteneurs qui, lors d’une mission technique, a localisé l’épave, levant ainsi le voile sur une disparition restée inexpliquée pendant plus d’un siècle.

L’épave la plus célèbre, celle du Titanic qui a fait naufrage en 1912, a été localisée en 1985 à environ 3 800 mètres de profondeur au sud-est de Terre-Neuve. Elle a été explorée pour la première fois par un sous-marin en 1986.

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