Église

Éditorial

Que faire de nos églises ?

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 19 octobre 2025 - 408 mots

La France compte près de 10 000 églises en mauvais état. Faut-il les restaurer, les transformer ou les laisser tomber en ruine ?

Chapelle Notre-Dame de Penhors à Pouldreuzic (Finistère). © Larvor, 2011, CC BY-SA 3.0
Chapelle Notre-Dame de Penhors à Pouldreuzic (Finistère).
Photo Larvor

Patrimoine religieux. La remarquable mobilisation pour restaurer la cathédrale de Nantes après l’incendie qui l’a dévastée, faisant suite à celle plus importante encore pour Notre-Dame de Paris qui vient de rouvrir son parcours dans les tours, masque une réalité plus sombre. De nombreuses églises sont dans un mauvais état. Combien exactement ? Personne ne le sait. Le président de la République, lors de ses annonces sur le sujet en septembre 2023, n’avait pu mettre en avant que le chiffre de 2500 édifices religieux « qui pourraient disparaître ». Si l’on applique les taux « d’état critique » du récent bilan sanitaire patrimonial du ministère de la Culture, il y aurait près de 10 000 églises en mauvais état.

Or, comme le rappelait récemment la Cour des comptes, la plupart de ces églises sont à la charge des communes, qui plus est de communes rurales aux ressources incompatibles avec des travaux de cette ampleur. Pour les aider, le gouvernement a mis en place des incitations fiscales pour stimuler le mécénat des particuliers, mais à ce jour, seuls 22 millions d’euros sur les 200 espérés ont été reçus.

Pointant une désaffection de la pratique religieuse, la Cour évoque « un élargissement » des usages des édifices religieux, voire même un « changement d’usage ». Elle souligne que seul 1% des édifices cultuels communaux ont été désaffectés ou désacralisés depuis 1905. Autrement dit, pour aider à restaurer les églises en mauvais état, la Cour suggère qu’on en désacralise certaines et qu’on en fasse des lieux culturels ou associatifs. Ce n’est pas inédit, les visiteurs des « Rencontres de la photographie d’Arles », par exemple, connaissent bien ces lieux cultuels reconvertis.

Encore faut-il trouver un tel usage soutenable pour ces édifices et plus encore que les diocèses soient d’accord. Évêques et prêtres ne sont pas prêts de se défaire de leurs églises même si peu de cérémonies s’y déroulent. Les Français de confession catholique eux-mêmes, qui vont de moins en moins à la messe, plébiscitent encore un mariage ou des obsèques religieux. En revanche, cela fait bien longtemps que les églises accueillent des concerts ou des expositions d’art. Ce ne sont pas les recettes qu’ils en tirent qui vont permettre de restaurer la couverture ou un mur qui s’effondre, mais en créant de l’animation, en faisant venir du public, ils contribuent à sensibiliser les pouvoirs publics à ouvrir leur porte-monnaie.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°662 du 3 octobre 2025, avec le titre suivant : Que faire de nos églises ?

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