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Bayonne - Objectif 2019 pour le Musée Bonnat-Helleu

Le Musée Bonnat-Helleu espère rouvrir en 2019

Après des années d’atermoiements, le Musée Bonnat-Helleu, fermé depuis 2011, pourrait rouvrir dans les trois ans qui viennent après avoir révisé en profondeur son projet initial

Par Francine Guillou · Le Journal des Arts

Le 19 janvier 2016 - 1031 mots

Fermé depuis 2010 en raison de l’état du bâtiment, le Musée Bonnat-Helleu à Bayonne pourrait rouvrir en 2019, doté d’une nouvelle extension. C’est en tout cas le dernier épisode en date pour un projet qui a connu quelques avatars. S’appuyant sur ses musées, la Ville d’art et d’histoire voudrait créer une dynamique la reliant à Bordeaux et à Bilbao.

BAYONNE - Après plus de cinq années de tergiversations, le Musée Bonnat-Helleu, musée des beaux-arts de la Ville de Bayonne, voit-il le bout du tunnel ? C’est en tout cas le souhait du maire Jean-René Etchegaray, qui mise sur une ouverture en 2019.

En 2010, des travaux d’urgence pour la mise hors d’eau du bâtiment ont dans un premier temps entraîné une fermeture partielle du musée. Le bâtiment est dégradé : aucun chantier de rénovation d’envergure n’a été engagé depuis trente ans. En avril 2011, le conseil municipal vote une fermeture totale, dans l’objectif de travailler à une extension, les collections du musée se trouvant  alors à l’étroit dans les murs historiques. En effet, après plusieurs legs reçus dans les années 1990, le musée a bénéficié du legs de Paulette Howard-Johnston, petite-fille du peintre Paul César Helleu (1859-1927), qui a fait de la Ville de Bayonne son légataire universel : à son décès, en 2009, 250 œuvres – de tableaux du peintre lui-même et aussi d’autres artistes du XIXe siècle – et 2,5 millions d’euros en actifs financiers reviennent au musée, selon les volontés de testatrice. Le Musée Bonnat devient alors « Musée Bonnat-Helleu », en hommage à ce legs hors norme.

Jean-René Etchegaray, à l’époque adjoint à la culture, et maire (centriste) depuis les dernières élections, rêve d’un musée modernisé et planche sur un projet de réserves mutualisées pour les musées de la Ville. Le projet étant évalué à 4,8 millions d’euros, une agence d’architectes est choisie en 2014 pour construire un bâtiment accueillant les réserves du Musée Bonnat-Helleu (7 000 œuvres), du Musée basque (70 000 œuvres) et du Muséum d’histoire naturelle (20 000 pièces). Or, en février 2014, le maire de Bayonne annonce en conseil municipal une ouverture du Musée Bonnat-Helleu en 2022, provoquant l’émotion de ses opposants : en 2011, la réouverture était prévue pour 2014. Mais le projet s’est construit dans l’hypothèse d’une participation de l’État à hauteur de 20 % du coût total des travaux, une participation finalement ramenée à 6 % en 2015, contraignant les édiles bayonnais à revoir leur copie et à abandonner le projet de réserves mutualisées.

Une « rue des musées »
Élu en 2014, le nouveau maire prend les choses en main : en juin 2015, il annonce que le musée agrandira ses réserves sur le terrain d’une école adjacente à l’institution, et lance fin octobre un concours de maîtrise d’œuvre pour l’extension et la nouvelle muséographie. Dans le cahier des charges de l’équipe qui devrait être sélectionnée au début de l’année 2016, figurent les 4 400 mètres carrés du futur musée à repenser, projet qui bénéficie d’une enveloppe d’un montant de 10 millions d’euros. Le calendrier a quant à lui été resserré, pour une livraison dont l’échéance a été portée à 2019.

Dans sa campagne électorale, Jean-René Etchegaray a milité pour une « rue des musées » reliant le Musée basque et le Musée Bonnat-Helleu. « L’enjeu, c’est de pouvoir conserver les œuvres in situ, c’est ce qui donne la véritable plus-value opérationnelle du musée, a-t-il indiqué, s’adressant à la presse régionale. Mais il nous faut aussi pouvoir disposer de surfaces suffisantes pour accueillir un public toujours plus intéressé par les expositions itinérantes. » Le maire entend ainsi inscrire dans « une dynamique culturelle “Bordeaux-Bayonne-Bilbao” » cette ville « dotée du label “d’art et d’histoire” ». Un label que l’élu connaît bien, étant parallèlement vice-président de l’Association des Villes et pays d’art et d’histoire et des villes à secteurs sauvegardés et protégés. Il va cependant falloir aller vite pour que le projet aboutisse au cours de son présent mandat.

Au musée, les équipes ne chôment pas : les dernières années ont été consacrées au récolement et à la restauration des œuvres. Des études sont menées sur les collections, qui se révèlent fructueuses en matière d’attribution : en février 2015, Autoportrait aux lunettes, une œuvre longtemps attribuée à Goya, a finalement été authentifiée sur le fondement de critères scientifiques, reléguant du même coup une toile similaire du Musée Goya de Castres au rang de réplique du maître espagnol. Récemment, c’est un dessin de Piero di Cosimo qui s’est vu réattribué. Par ailleurs, une trentaine de tableaux de Paul Helleu sont actuellement en cours de restauration dans le musée. En 2015 également, un nouveau site Internet a été mis en place, comportant 200 fiches sur les 7 000 œuvres que recense le musée (dont plus de 3 000 font l’objet d’un dépôt national), afin de faire savoir qu’en dépit de sa fermeture le musée est toujours en activité.

Une collection bayonnaise en souffrance

En 1982, le duc de Gramont décide de confier à la Ville de Bayonne sa collection familiale, héritage des anciens princes souverains de Bidache, capitaines puis gouverneurs de Bayonne de 1472 à 1789. À charge pour la municipalité de trouver un lieu de conservation et d’exposition de ces portraits, armes, tapisseries et mobilier d’Empire. En 1989 pourtant, priorité est donnée au Musée basque, et la collection est entreposée au Domaine national du château de Pau en 1991. Depuis, rien n’a bougé, seuls quatre portraits sont actuellement exposés au Musée basque. Philippe Cachau, historien de l’art, soulève la question d’une présentation publique de la collection en lançant une pétition en ligne, laquelle a récolté à ce jour 690 signatures. « C’est une démarche citoyenne, nous allons lancer un comité de soutien avec Olivier Ribeton, conservateur du Musée basque, pour faire aboutir le projet, en mêlant argent public et fonds privés », explique l’historien, qui verrait bien la collection s’installer en centre-ville, comme le prévoyait le projet initial. « Avec le Musée Bonnat et le Musée basque, on aurait ainsi un triangle d’or culturel et touristique », plaide-t-il. À la Mairie, la prudence est de mise : le Musée Bonnat-Helleu, qui occupe tous les esprits, prime aujourd’hui sur tout autre projet.

Légende photo

La façade du Musée Bonnat-Helleu, Bayonne. © Ville de Bayonne.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°449 du 22 janvier 2016, avec le titre suivant : Le Musée Bonnat-Helleu espère rouvrir en 2019

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