PARIS
La Cour des comptes salue une gestion exemplaire du chantier : calendrier tenu, dépenses maîtrisées. Reste à boucler le financement de la phase 3.

Paris. Une fois n’est pas coutume, la Cour des comptes a reconnu la bonne gestion d’un établissement public, en l’occurrence l’établissement chargé de la conservation et de la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris. La Cour connaît bien son sujet puisque c’est le troisième rapport qu’elle publie sur la cathédrale dévastée par l’incendie de 2019.
Elle commence par applaudir au respect du calendrier des travaux de reconstruction et de restauration qui a permis de rouvrir la cathédrale au culte et aux visiteurs en décembre 2024. Elle félicite ensuite l’établissement public pour la bonne gestion des finances du chantier. Elle avait déjà souligné dans son rapport de 2022 le respect du budget de la phase 1 dite « de sécurisation » (151 M€). La phase 2, correspondant à la restauration proprement dite, dispose d’un budget de 552 millions d’euros dont 125 en provisions. À la fin 2024, 438 millions d’euros ont été dépensés, ce qui fait dire à la Cour que l’établissement peut récupérer environ 140 millions d’euros pour la phase 3, consacrée aux travaux planifiés avant l’incendie, compte tenu des 846 millions d’euros de recettes issus de la collecte nationale.
Le ministère de la Culture évalue le besoin de financement de cette troisième phase entre 163 et 183 millions d’euros ; elle comprend la restauration du chevet et des arcs-boutants (49 M€) ainsi que de la sacristie (13 M€). Si l’évaluation du ministère est confirmée, il faudrait alors trouver un financement additionnel aux 140 millions d’euros disponibles.
Le rapport permet d’en savoir un peu plus sur le budget de la gestion de la cathédrale, qui va doubler pour s’établir autour de 5,27 millions d’euros, financés par le diocèse (3,20 M€) et l’État (2 M€). Ce doublement est en partie dû aux charges nouvelles liées à la sécurité. Se pose alors le problème des recettes. Le diocèse de Paris, qui s’est fermement opposé à une tarification de l’entrée dans la cathédrale proposée par la ministre, Rachida Dati, a mis en place un système de dons. La Cour remet cependant le sujet sur le tapis en suggérant une billetterie pour le déambulatoire.
Le public, lui, risque de perdre son latin entre les parties qui sont payantes et celles qui sont gratuites. L’entrée au trésor de la cathédrale, géré par le diocèse, coûte 12 euros (plein tarif). L’accès à la crypte archéologique qui présente les vestiges archéologiques découverts lors des fouilles entre 1965 et 1970, gérée, elle, par la Ville de Paris, est de 11 euros. Et à partir du 20 septembre, le public pourra de nouveau monter dans les tours contre la somme de 16 euros. Le Centre des monuments nationaux, qui gère l’accès aux tours, a relevé ses tarifs, initialement de 11 euros. De sorte que l’addition commence à grimper pour qui veut faire les trois circuits : 39 euros. Une somme qui devrait dépasser les 50 euros, si l’État se décide à avancer sur le projet de musée de l’œuvre dans l’Hôtel-Dieu voisin, en pause depuis le rapport de Charles Personnaz remis en février 2024. Les magistrats sont cependant plus que perplexes sur ce musée, compte tenu de son coût (qui avoisine les 120 millions d’euros) et de l’état des finances publiques.
Au passage, ils lèvent quelques lièvres comme l’absence de normes officielles pour la gestion des eaux de ruissellement descendant d’une charpente avec du plomb dans les sites patrimoniaux, ou le coût disproportionné de la conservation de vestiges archéologiques. Ces deux postes ont augmenté le budget de Notre-Dame de plusieurs millions d’euros.
Les magistrats profitent du rapport pour tirer quelques enseignements d’un chantier public – pour une fois – bien mené. Ils attribuent la réussite du projet au fait qu’il a été confié à un établissement public doté en quelque sorte des pleins pouvoirs et non pas à la direction régionale des Affaires culturelles comme c’est l’usage. « La réactivité et la gouvernance de l’établissement ont permis un dialogue constructif et un consensus tout au long du déroulement des travaux », soulignent-ils. Peut-être auraient-ils pu ajouter qu’il est toujours plus simple de tenir un chantier lorsqu’on dispose des sommes amplement nécessaires pour choisir les bons prestataires et disposer d’une équipe compétente et étendue (37 personnes) pour les suivre.
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Le livre des mérites de la cathédrale Notre-Dame de Paris
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°661 du 19 septembre 2025, avec le titre suivant : Le livre des mérites de la cathédrale Notre-Dame de Paris









