Surfréquentées au printemps et en été, les célèbres falaises sont quasiment fermées depuis fin avril.

En haute saison, les falaises d’Étretat et la côte d’Albâtre attirent des milliers de visiteurs quotidiennement, et près de 1,5 million chaque année. L’ensemble de la côte d’Albâtre, qui s’étend sur 120 kilomètres, est classé à l’inventaire des monuments naturels depuis 1979 en raison de ses paysages et de son intérêt patrimonial ; certains secteurs sont également classés Natura 2000. De l’Aiguille au Trou-à-l’Homme, le littoral comprend plusieurs sites difficiles d’accès : en temps normal, l’accès au Trou-à-l’Homme est déjà interdit, mais chaque année des touristes bravent l’interdiction et se retrouvent surpris par la marée. Ce fut le cas le 1er mai dernier lorsque trois promeneurs ont dû être secourus. Les falaises constituent également un site propice aux accidents, soit parce que les promeneurs tombent du sommet, soit parce qu’ils s’aventurent trop près du pied des falaises où chutent des blocs de craie : selon la mairie, il y a « entre deux et trois décès par an », sans compter les suicides – une douzaine par an.
Le maire d’Étretat a donc pris un arrêté municipal le 28 avril dernier restreignant l’accès aux falaises et aux plages, et interdisant même certains secteurs. Les falaises subissent en effet depuis plusieurs années l’érosion et les effets du changement climatique : en décembre 2021 et janvier 2022, plusieurs gros blocs de craie s’étaient détachés des falaises. Constituées de craie et de débris d’organismes marins sédimentés, les falaises de la côte d’Albâtre se sont formées il y a 70 à 100 millions d’années, à la suite d’un soulèvement du plancher marin. Des sites comme l’Aiguille sont beaucoup plus récents et datent de « 2 000 à 5 000 ans » selon les géologues locaux, qui soulignent le rôle de l’érosion dans la transformation du paysage.
Outre le vent, les falaises sont sensibles aux eaux de ruissellement qui s’infiltrent dans les fissures et fragilisent la craie. Si l’érosion naturelle est bien connue, le recul du trait de côte s’est accéléré ces dernières années, atteignant près de 20 cm par an. Le maire signale par exemple que certains secteurs du sentier sont minés par des trous invisibles dissimulés derrière les bosquets et buissons, aux endroits où la craie est déjà fragilisée. D’où les règles affichées tout au long des sentiers, qui préconisent de ne pas s’approcher du bord et d’éviter de marcher à moins de cinq mètres du pied des falaises.
Face à l’accélération de l’érosion et à l’afflux touristique croissant, les treize municipalités de la côte d’Albâtre ont engagé depuis 2013 un projet de labellisation « Grand site de France » validé en 2019 par le ministère de la Transition écologique. Ce projet vise à « préserver la qualité des paysages, valoriser le patrimoine commun et favoriser un tourisme durable ». Il prévoit notamment une simplification des démarches pour les exploitants agricoles dont les terres sont incluses dans la zone – qui couvre une surface plus vaste que le seul littoral – et des actions pour « valoriser l’identité paysagère » des sites.
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L’accès aux falaises d’Étretat restreint pour cause d’éboulement
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