Musée

La recherche confortée au Palais de la découverte

Par Sindbad Hammache · Le Journal des Arts

Le 27 décembre 2022 - 615 mots

PARIS

Universcience a dévoilé la future programmation de l’institution installée dans l’aile ouest du Grand Palais. Le partenariat avec le CNRS rassure le monde scientifique.

Perspective depuis la rotonde centrale du Palais d'Antin avec vue sur l'entrée et l'agora du futur Palais de la Découverte. © Chatillon Architectes pour la RMN-GP / Doug & Wolff
Perspective depuis la rotonde centrale du Palais d'Antin avec vue sur l'entrée et l'agora du futur Palais de la Découverte. ©
© Chatillon Architectes pour la RMN-GP / Doug & Wolff

Paris. Alors que le chantier de rénovation du Grand Palais suit son cours, son voisin contigu, le Palais de la découverte, est également en pleine restructuration. Un budget de 44 millions d’euros est consacré à la restauration du musée scientifique, et à la toute nouvelle offre muséographique qui y sera dévoilée en 2025. Cette dernière a été présentée comme axée sur l’actualité de la recherche scientifique : « Notre objet, c’est la recherche contemporaine : qui la fait, comment et à quelles fins ? », résume Michèle Antoine, directrice des expositions d’Universcience, l’établissement public réunissant la Cité des sciences et de l’industrie et le Palais de la découverte.

Pour mettre en œuvre ce programme, Universcience a signé un partenariat avec le CNRS (Centre national de la recherche scientifique). Celui-ci veillera à l’élaboration des contenus durant la phase de conception, puis présentera au sein du Palais de la découverte rénové des travaux de recherche récents. Dans une salle prévue à cete effet, le futur Palais permettra également aux visiteurs de s’immerger « à distance » dans l’un des lieux qui font la science d’aujourd’hui, tel le Synchrotron-Soleil du CNRS.

Des expériences et des médiateurs

Sept commissaires, pour autant de grands domaines scientifiques, construisent le nouveau parcours. Celui-ci bénéficiera de nouvelles « manipes », soit les expériences grandeur nature qui sont l’une des signatures du Palais de la découverte : parmi elles, un ordinateur mécanique à billes, « une première mondiale », annonce Michèle Antoine. Soucieux de rendre le public acteur de sa visite, Universcience a également prévu l’installation de six laboratoires où les visiteurs pourront mener eux-mêmes les expériences, « en présence d’un(e) médiateur(trice), chercheur(e) ou artiste ». Le plus spectaculaire sera sûrement le « Laboratoire du vivant », reproduisant un écosystème de la forêt guyanaise dans les murs du palais d’Antin. L’art contemporain sera présent sous la forme de « Points d’interrogation » disséminés dans le parcours, œuvres de commande coproduites avec des centres d’art contemporain.

Suivie de près par la communauté scientifique – très attachée à cette institution –, la refonte du parcours du Palais de la découverte avait fait l’objet de critiques et d’une tribune publiée en novembre 2020 dans les colonnes du Monde, signée par plusieurs Prix Nobel et anciens directeurs du Palais. Deux ans plus tard, l’annonce de cette programmation « entrouvre une porte », note Daniel Hennequin, chercheur au CNRS, président de la commission culture scientifique à la Société française de physique et spécialiste de la vulgarisation scientifique. Universcience envoie ainsi un signal positif au monde scientifique en signant un partenariat avec le CNRS. L’établissement public semble également avoir pris en compte les craintes des scientifiques sur l’évolution de la médiation, la présentation d’expériences par des médiateurs faisant partie de l’ADN du Palais. « J’ai le sentiment qu’on est revenu aux principes initiaux du Palais, avec un rapport étroit entre public et médiateurs », estime Daniel Hennequin.

Le physicien maintient en revanche l’un des griefs principaux formulés à l’encontre des nouvelles orientations du Palais, qui ne sera plus le lieu de divulgation des fondements de la culture scientifique. Ponctué par des « îlots de curiosité », le parcours divulguera le savoir scientifique essentiellement par l’actualité et l’exemple. « Avec la rotation des thèmes selon l’actualité, on n’aura pas ce qu’on avait avant, et ce qui est souhaitable dans ce musée de référence : si je veux en savoir plus sur le magnétisme, je vais au Palais et je trouve tout ce qu’il faut », regrette Daniel Hennequin. La communauté reste vigilante sur l’implication des scientifiques dans le projet : en novembre 2021, l’Académie des sciences estimait que « les scientifiques devaient être présents en permanence aux côtés des muséographes ».

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°601 du 16 décembre 2022, avec le titre suivant : La recherche confortée au Palais de la découverte

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