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La Cour des comptes remet en cause le projet de nouvelle entrée du Louvre

Par Jean-Christophe Castelain · lejournaldesarts.fr

Le 7 novembre 2025 - 492 mots

Les magistrats de la Cour estiment que le Louvre doit affecter en priorité ses moyens « confortables » à l’entretien et la restauration du bâtiment.

Pierre Moscovici à la conférence de presse de présentation du rapport de la Cour des comptes sur le Musée du Louvre, 6 novembre 2025
Pierre Moscovici à la conférence de presse de présentation du rapport de la Cour des comptes sur le Musée du Louvre, 6 novembre 2025.
© JCC pour LeJournaldesArts.fr

Pierre Moscovici a bien tenu à répéter à plusieurs reprises au cours de la conférence de presse ce matin qu’il n’y avait pas d’ingérence de la Cour des comptes dans le domaine politique s’agissant du projet de nouvelle entrée et de nouveaux espaces du Musée du Louvre annoncé par Emmanuel Macron lui-même.

Mais dans les faits cela revient au même. En martelant que le musée doit « mieux hiérarchiser ses projets et retrouver une trajectoire financière soutenable sur le long terme », le Premier président de la Cour affirme implicitement que le Louvre n’a pas les moyens aujourd’hui pour financer cette extension (estimée à 660 M€) tout en assurant les indispensables travaux de restauration (480 M€) que le vol des joyaux de la couronne a mis en évidence.

Le rapport de la Cour sur la période 2018-2024 est même beaucoup plus critique : « Le musée a privilégié les opérations visibles et attractives […] au détriment de l’entretien et de la rénovation des bâtiments et des installations techniques, notamment de sûreté et de sécurité. ». Il met en regard les 86 millions d’euros dépensés au cours de cette période pour les travaux d’entretien et de restauration du palais avec les 168 millions dépensés pour les acquisitions et les aménagements muséographiques.

Façade orientale du Palais du Louvre / colonnade de Perrault. © Szilas, 2009, CC-BY-SA-4.0
Façade orientale du Palais du Louvre / colonnade de Perrault.
© Szilas, 2009

Et pour obliger le Louvre à revoir ses charges de fonctionnement, les magistrats recommandent que les produits de la licence de marque Louvre Abu Dhabi soient intégralement reversés au fonds de dotation plutôt que d’être conservés dans le budget du Louvre et que le musée ne ponctionne pas les produits du fonds comme il l’a fait en 2024. Ils portent par ailleurs un regard positif sur la gestion financière du fonds de dotation : le rendement annualisé (5,83 %) est supérieur à l’objectif fixé. Et pour donner plus d’autonomie au fonds, ils suggèrent que le Louvre soit moins représenté dans sa gouvernance.

La Cour s’est également penchée pour la première fois sur la Société des Amis du Louvre avec une recommandation qui ne va pas leur faire plaisir. Elle souhaite que le Louvre réinternalise la gestion des cartes d’abonnement actuellement gérée par les Amis.

Le moment le plus attendu par les nombreuses télévisions présentes inhabituellement dans la salle – celui sur les mesures de sécurité – a été abordé que brièvement, à la mesure des 4 pages du rapport sur le sujet. Il ressort du rapport et des réponses du Louvre que si le musée ne s’est pas désintéressé du problème comme on l’entend ici et là, beaucoup de temps a été perdu depuis le lancement en 2017 du chantier « sûreté » et qu’au fond très peu a été fait. D’autant que Laurence des Cars a souhaité revoir le plan en 2022.

« Le Louvre n’est pas la victime de moyens insuffisants » a insisté Pierre Moscovici qui plaide pour une réaffectation des moyens aux travaux d’entretien et de restauration.

Foule de visiteurs devant La Joconde au Louvre. © Gagan Kaur / Pexels
Foule de visiteurs devant La Joconde au Louvre.

Cet article a été initialement publié le jeudi 6 novembre 2025 à 17h.

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