Royaume-Uni - Musée

Il y a 25 ans ouvrait la Tate Modern

Par Cordelia Hales · lejournaldesarts.fr

Le 9 mai 2025 - 586 mots

LONDRES / ROYAUME-UNI

Le musée londonien célèbre son anniversaire avec une exposition autour de Louise Bourgeois.

Le Turbine Hall de la Tate Modern © Hans Peter Schaefer
Le Turbine Hall de la Tate Modern.

Située face à la cathédrale Saint-Paul à Londres, la Tate Modern, dédiée à l’art des XXe et XXIe siècles, a ouvert ses portes en mai 2000 dans une centrale électrique réhabilitée par les architectes Herzog et de Meuron. Elle était alors dirigée par Lars Nittve. À l’inauguration, la sculpture Maman, une araignée en bronze de dix mètres de haut commandée à Louise Bourgeois, est installée dans le Turbine Hall. Elle tisse un lien symbolique entre les salles, où les œuvres sont présentées selon un parcours non chronologique.

Ce choix est dicté par une collection encore restreinte et un espace immense. Des Monet des années 1910 sont accrochés face à des œuvres de Richard Long datant des années 2000, provoquant l’ire de certains critiques. Pourtant, cette rupture temporelle permet à la Tate de présenter l’art « comme une séquence implacable d’expérience, il n’y avait ni début, ni fin. Il n’y avait qu’un présent éternel », écrit le critique d’art Waldermar Januszak.

« La Tate Modern a complètement changé le visage des musées londoniens. Nous n'avions pas de musée dédié à l'art moderne et elle a rapidement acquis un statut, au même titre que le Moma [...] et le Musée Pompidou [...], même si des interrogations subsistent quant à ses collections », ajoutait l’historien d’art Tim Marlow, aujourd’hui directeur du Design Museum. 

extension de la Tate Modern
A gauche l'extension de la Tate Modern.
© photo Ludosane, 2016

En 2006, le critique Jonathan Jones exprime sa déception à Frances Morris, alors responsable des expositions. Elle lui répond, selon The Guardian, que « les différents types de visiteurs avaient des besoins différents », et que le mélange des époques plaît notamment aux adolescents.

Le succès est immédiat : deux millions de visiteurs étaient attendus la première année, ils sont finalement 5,25 millions. En 2003, à l’occasion de l’installation d’un soleil couchant par Olafur Eliasson, la BBC diffuse la météo depuis le musée. En 2007, Doris Salcedo crée Shibboleth, une fissure de 167 mètres sur le sol de le Turbine Hall. Ce « gouffre de l’Histoire qui sépare les Blancs des non-Blancs », selon l’artiste, matérialise un espace négatif. Les expositions se succèdent, de Modigliani (2017-2018) à Cézanne (2022), tandis que la collection atteint près de 70 000 œuvres dès 2015.

En 2016, l’ouverture de la Switch House (Blavatnik Building), pyramide de béton brut, ajoute 21 000 m² aux 34 000 m² existants. En 2019, il devient le musée le plus visité du Royaume-Uni, dépassant le British Museum, notamment grâce à l’exposition Picasso de 2018. Mais la pandémie de 2020 freine cet élan. L’après-Covid marque une chute durable de la fréquentation, majoritairement étrangère, entraînant des suppressions de postes. En 2023, avec 4,7 millions de visiteurs, la Tate Modern est la quatrième attraction touristique britannique, un chiffre encore en retrait par rapport à l’avant-pandémie.

En janvier 2025, sa directrice depuis 2023, Karin Hindsbo, déclare au Journal des Arts : « Le musée a toujours été pionnier dans sa façon de diversifier les canons de l’art, centrés sur l’Occident. Aujourd’hui, nous continuons de travailler en ce sens, au niveau transnational. »

Du 9 au 12 mai, les festivités se tiendront autour de la réinstallation de Maman dans le Turbine Hall. Elle sera le point de départ d’un parcours de 25 œuvres majeures au sein de la Tate Modern. Parmi elles, les Seagram Murals de Mark Rothko et Eine Kleine Nachtmusik de Dorothea Tanning. Deux expositions gratuites ouvriront aussi leurs portes : « A Year in Art: 2050 » et « Gathering Ground », qui réunira les dernières acquisitions de la Tate, dont des œuvres d’Outi Pieski, Carolina Caycedo et Edgar Calel, ainsi qu’une installation commandée à Abbas Zahedi.

La nouvelle extension de la Tate Modern, Londres, octobre 2016 - Photo Ludovic Sanejouand
La nouvelle extension de la Tate Modern, Londres, octobre 2016
© Ludovic Sanejouand pour Le Journal des Arts

Thématiques

Tous les articles dans Patrimoine

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque