Monument

En Afghanistan, un minaret du XIIe siècle menacé par les talibans

Par Sindbad Hammache · lejournaldesarts.fr

Le 3 juin 2019 - 473 mots

PROVINCE DE GHOR - AFGHANISTAN

Classé au patrimoine de l’UNESCO, le Minaret de Jam venait tout juste de subir de fortes inondations avant d’être attaqué.

Le minaret de Jam en Afghanistan - Photo David C. Thomas, 2005
Le minaret de Jam en Afghanistan
Photo David C. Thomas, 2005

Construit à la fin du XIIe siècle, et témoin architectural de l’éphémère Empire Ghurid, le Minaret de Jam en Afghanistan tente de survivre sous le feu croisé des catastrophes naturelles et de l’instabilité politique régionale. Son inscription sur la liste du patrimoine en danger de l’UNESCO n’y change pas grand-chose, l’organisation peine à intervenir dans cette région reculée et instable de l’Afghanistan.

La semaine dernière, ce sont des inondations massives, provoquant des torrents de boues, qui ont endommagé la base du minaret. La crainte de voir cet exemple unique d’architecture de brique et d’émail s’effondrer du haut de ses 65 mètres était alors bien réel.

Selon les autorités afghanes, ces inondations auraient fait 24 morts. Elles n’ont finalement pas eu raison du minaret : quelques 200 ouvriers ont été envoyés en urgence pour détourner le flot ininterrompu d’eau boueuse qui le menaçait.

Des dommages importants ont été occasionnés, selon le gouvernement de la Province de Ghor, ce sont 15 mètres de mur de protection qui ont été détruits par les inondations. « Le minaret est sauf, mais s’il pleut ou si l’eau monte encore, il sera trop exposé et vulnérable », déclarait le porte-parole de la Province.

Le minaret de Jam en Afghanistan - Photo Aivaras Ramanauskas, 2008
Le minaret de Jam en Afghanistan

C’est à un autre danger que ce monument historique est aujourd’hui exposé, moins d’une semaine après l’inondation. Mercredi 29 mai, un raid des talibans sur les postes de sécurité assurant la surveillance du minaret a fait 18 morts et condamné l’accès au site.

« Les talibans ont capturé quelques checkpoints autour du minaret. Nous avons dû battre retraite, car d’autres combats auraient endommagé le minaret », explique le préfet de la Province de Ghor. Ce raid meurtrier survient alors que, la veille, le gouvernement Afghan promettait d’engager des travaux de restauration dès juillet prochain.

Le site -protégé- avait déjà connu un tel épisode en juillet 2018, lorsque les talibans avaient mené une attaque, visant également les postes de sécurité. Les islamistes radicaux avaient alors incendié la forêt environnante, détruisant une mosquée. Le minaret n’avait pas été endommagé, et les assaillants avaient battu en retraite.

A cette occasion, le directeur de la culture pour la Province de Ghor avait exprimé son inquiétude sur la possibilité d’une destruction du minaret par les talibans, si le gouvernement central n’intervenait pas. La situation semble aujourd’hui plus compliquée, puisque la milice islamiste contrôle l’accès au monument.

Classé sur la liste du patrimoine en danger par l’UNESCO en 2002, le Minaret de Jam a pu bénéficier de travaux de consolidation dans les années 2000, et d’une campagne d’étude en 2017. Mais la protection de ce site reste précaire : la région reculée et accidentée, la proximité des talibans ainsi que l’instabilité politique qui ne permet aucun financement stable, compliquent la préservation du Minaret de Jam.

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