Archéologie

Des archéologues auraient identifié la plus ancienne forme de monnaie marchandise en Europe Centrale

Par Marion Pedram · lejournaldesarts.fr

Le 24 janvier 2021 - 380 mots

LEIDEN / PAYS-BAS

L’analyse d’objets en bronze permettrait de situer la première utilisation de la monnaie il y a un peu plus de 3500 ans.

Anneaux en bronze découverts en République Tchèque. © Helena Motyckova
Anneaux en bronze découverts en République Tchèque.
© Helena Motyckova

Deux chercheurs néerlandais pensent avoir découvert la plus ancienne utilisation de monnaie en Europe Centrale : ils ont comparé le poids de plusieurs objets en bronze - quelques 5 000 anneaux, nervures et lames - et ont remarqué qu’ils étaient tous de masse équivalente. Cette découverte signifierait que ces objets, standardisés dans leur forme et leur poids, constituaient pour les européens de la Préhistoire une monnaie marchandise. 

A la différence du concept du troc qui repose sur l’échange direct d’un objet contre un autre, celui de monnaie marchandise est caractérisé par l’échange de biens possédant une valeur propre : en l’occurrence, ces objets en bronze de taille, forme et poids équivalents ont une valeur intrinsèque identique qui autoriserait leur qualification de monnaie. 

Les archéologues à l’origine de cette découverte, les docteurs Maikel Kuijpers et Catalin Popa de l’université de Leiden (Pays-Bas), affirment que ces pièces en bronze datant d’il y a plus de 3 500 ans, sont les témoignages les plus anciens de la monnaie marchandise en Europe Centrale. Selon le New York Times, ils font une différence entre ces pièces étudiées et le même type d’objet dont le poids serait bien supérieur. Les pièces plus lourdes rempliraient leur fonction initiale, à savoir ornementale ou utilitaire dans le cas des anneaux ou des lames de bronze. C’est donc bien leur poids qui déterminerait leur utilisation.

L’évaluation précise du poids n’étant pas maîtrisée à l’époque de l’Age de Bronze, d’après les deux archéologues, ce serait l’utilisation de moules pour y couler le métal et fabriquer plusieurs copies d’un même objet qui aurait accéléré les techniques de pesée. 

Cette nouvelle théorie ne fait pas l’unanimité dans la communauté scientifique. Le Dr Ialongo, archéologue à l’université Georg August en Allemagne, souligne que rien ne prouve que cette monnaie fût basée sur le poids, les peuples préhistoriques auraient très bien pu compter les objets plutôt que les peser. Dr Molloy, de l’University College de Dublin, considère quant à lui, que cette récente découverte ne prouve pas l’existence d’un système de mesure précis. Cependant, l’un et l’autre s’accordent sur la pertinence de l’étude néerlandaise dans sa manière d’aborder la question de l’existence du concept d’économie chez les sociétés dites « primitives ».

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