Après deux ans de travaux, le Musée de l’Oise offre à voir un nouveau parcours qui met à l’honneur le XXe siècle et l’architecture du palais épiscopal.

Beauvais. D’abord siège de l’évêque de Beauvais puis tribunal, puis musée, le bâtiment du XVIe siècle qui abrite le Musée de l’Oise (Mudo) a connu plusieurs vies dont il conserve les traces. Partiellement restauré en 2015, il a rouvert fin mars 2025 après deux ans et demi de travaux destinés à redonner son identité au deuxième étage tout en modifiant le parcours de visite. Si le premier étage propose un parcours à peine remanié centré sur l’art religieux au XIXe siècle et l’historique de la grande toile politique de Thomas Couture (1848-1852), le deuxième étage a fait peau neuve pour présenter des meubles Art nouveau et des toiles du XXe siècle : le précédent parcours, où aucun meuble ne figurait, n’avait pas été modifié « depuis 1981 » d’après Alexandre Estaquet-Legrand, directeur du Mudo. Outre une salle consacrée au symbolisme et aux céramiques, le parcours s’étend sur plusieurs grandes salles dont la première est consacrée aux ensembles de mobilier Art nouveau, « des éléments typiques de l’esprit Belle Époque, jamais exposés jusqu’à présent », selon le directeur. Celui-ci précise que les modules d’exposition ont été fabriqués sur mesure avec les scénographes pour permettre une circulation fluide, malgré la surface au sol qu’ils occupent. Ces modules répondent par leurs formes courbes aux sièges de salle ovoïdes qui parsèment le parcours et lui donnent une touche poétique. Les meubles Art nouveau aux motifs flamboyants (perroquets, fleurs) constituent le point culminant de la première partie du parcours.
De la Grande Guerre à la Seconde Guerre mondiale, le parcours déroule ensuite l’histoire du XXe siècle avec des pièces assez exceptionnelles, de Vallotton, Denis, Dufy, Picabia, Hélion et Lempicka. Les collections du Mudo révèlent donc leur richesse, y compris les arts graphiques dont une petite sélection est disponible dans des salles latérales. L’ensemble des salles arbore des murs couverts d’une double peau grise à discrets motifs géométriques qui recouvre les murs d’origine. La teinte grise déclinée en nuances reste assez proche de celle « des boiseries du XVIIIe siècle » de la salle de la Grande Guerre, selon le directeur. Ces boiseries ont d’ailleurs été conservées lors de la restauration : dans ce nouveau parcours, l’architecture du bâtiment est en effet habilement intégrée, bien que le chantier ait réservé quelques surprises selon l’architecte du patrimoine Charlotte Langlois. Elle cite par exemple « des reprises de maçonnerie du XIIe ou XIIIe siècle, et d’autres du XIXe siècle, non documentés malgré le diagnostic réalisé en 2019 ». La restauration a dû combiner « valorisation des différentes périodes et adaptation à la nouvelle muséographie » selon Charlotte Langlois, un aspect fondamental pour le deuxième étage qui abritait les appartements privés de l’évêque et possède à ce titre de beaux volumes à mettre en valeur.
Le coût total des travaux est de 3,55 millions d’euros dont l’État a financé l’essentiel via le Fonds national d’aménagement et de développement du territoire (1,2 M€). La réouverture semble doper les ambitions d’Alexandre Estaquet-Legrand qui annonce des expositions temporaires régulières dans les tours du châtelet d’entrée, et un projet de parcours au troisième étage où la visite porterait sur « l’intérêt architectural » puisque l’espace n’est pas adapté à la présentation d’œuvres.
Le Quadrilatère redéfinit son identité
CIAP. Construit en 1976 par André Hermant, le Quadrilatère hébergeait jusqu’en 2013 la Galerie nationale de la tapisserie. Devenu centre d’art puis fermé pour deux ans et demi de travaux, le bâtiment en béton a rouvert en avril avec une nouvelle identité. Outre les grands espaces d’exposition au rez-de-chaussée, le Quadrilatère abrite désormais un Centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine (CIAP) et un parcours inédit des vestiges gallo-romains. La rénovation, qui a coûté 9 millions d’euros (dont 5 millions de la Ville), a modernisé l’entrée et l’accès aux salles d’exposition avec un bel escalier tout en courbes (Chatillon Architectes). L’ensemble des salles (2 000 mètres carrés) présente des murs blancs avec « une esthétique de White Cube », selon la directrice du Quadrilatère Lucy Hoefbauer. Le sous-sol, auparavant espace d’exposition aux murs ocre, est consacré au CIAP qui retrace l’histoire de Beauvais de manière vivante : table multimédia sur l’évolution de la ville (obligatoire dans un CIAP selon la directrice), panneaux sur les industries locales et l’urbanisme, maquettes de la cathédrale. La scénographie et son code couleur par époque historique rend très lisible le parcours. Au même niveau se trouvent les vestiges gallo-romains, vestiges désormais ouverts à la visite. Une passerelle permet de parcourir les restes d’une « structure monumentale en arc de cercle du IIIe siècle après J.-C. », dont la fonction reste floue selon les archéologues de la ville. Ces vestiges, témoins de la richesse de Beauvais dans l’Antiquité, complètent le CIAP. Le lien architectural avec les espaces d’exposition n’est pas évident, mais Hermant souhaitait inclure l’art contemporain et l’archéologie dans un même bâtiment, et cette rénovation respecte son souhait. Le Quadrilatère hérite donc désormais d’une triple fonction culturelle.

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Beauvais, le Mudo rouvre dans un bâtiment restauré
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°656 du 23 mai 2025, avec le titre suivant : Beauvais, le Mudo rouvre dans un bâtiment restauré