Cinq ans après l’incendie qui l’a ravagée, la cathédrale de Nantes accueille à nouveau fidèles et visiteurs, tandis que les travaux se poursuivent à ciel ouvert.
Nantes (Loire-Atlantique). Si un imposant échafaudage couvre encore sa façade, l’intérieur, lui, a été minutieusement nettoyé et restauré. Victime d’un incendie criminel en 2020, la cathédrale de Nantes rouvre enfin au culte et aux visiteurs. Une étape majeure franchie après cinq ans de travaux intensifs, qui se poursuivront à chantier ouvert pendant encore plusieurs années.
Le 18 juillet 2020, vers 7 h 45 du matin, trois départs de feu, bien que rapidement maîtrisés, endommagent sérieusement la cathédrale. La structure de pierre n’est pas touchée en profondeur mais les dégâts sont lourds : la grande verrière d’axe éclate en morceaux, le grand orgue part en fumée, une partie des stalles du chœur brûlent. Immédiatement, des expertises sont conduites par des restaurateurs missionnés par la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC), suivies d’une longue phase de déblaiement. Pendant quelques mois, les vestiges sont collectés, déposés et répertoriés. Puis, l’édifice est intégralement dépollué durant un peu plus d’un an. En brûlant, les tuyaux de l’orgue en métal avaient dégagé des vapeurs de plomb, nécessitant d’éliminer toutes ces particules par aspiration. « La complexité de ce chantier tenait surtout dans la coordination de ces différentes étapes. Expertise, déblaiement, dépollution complète de l’édifice y compris de tous les tableaux, qui ne pouvaient pas quitter les lieux puisqu’ils étaient pollués, précise Valérie Gaudard, conservatrice régionale des Monuments historiques à la DRAC Pays de la Loire. Et ensuite, l’agencement de la restauration. Nous avons fait le choix d’attaquer d’abord les parties les moins endommagées, en plein cœur de la cathédrale, car l’objectif premier était de la rouvrir au culte et à la visite. »
Début 2023, les opérations de restauration débutent alors sous la maîtrise d’œuvre de l’architecte Pascal Prunet, en se concentrant sur le chœur et le bras sud du transept. Dégradée par les flammes, la pile du chœur est restaurée tandis que de nombreux joints de voûte et élévations sont nettoyés et repris. La console de l’orgue de chœur, détruite dans l’incendie, est ensuite restituée. Les réseaux d’électricité, d’éclairage et les dispositifs de sûreté et de sécurité viennent tout juste d’être refaits à neuf. Lors du creusement de ces tranchées, des vestiges archéologiques ont été mis au jour : les fondations de la nef romane ont été identifiées, tandis que des maçonneries anciennes, sépultures et traces de décors floraux et polychromes peints ont été découvertes au cours des fouilles.
Autre découverte, celle de mystérieux ossements révélés lors de l’ouverture du tombeau de François II et de Marguerite de Foix, parents d’Anne de Bretagne. Joyau de la cathédrale, réalisé entre 1502 et 1507, le tombeau était dégradé au niveau de ses parties basses à cause de remontées capillaires. Sa restauration, déjà prévue avant l’incendie, a finalement débuté en 2023. Ses blocs démontés sont actuellement immergés dans des bains de dessalement, en vue d’une réinstallation du tombeau dans le transept courant 2026.
Sur un coût total estimé à 32 millions d’euros, un budget de 20,9 millions a été engagé à ce jour par l’État, qui finance l’intégralité de la restauration. Cette dernière se poursuit désormais à chantier ouvert, puisque d’importants travaux doivent encore être menés au niveau du massif occidental, la partie la plus touchée par l’incendie. « Maintenant que 90% de la cathédrale est ouvert à la circulation, nous ne pourrons plus tenir la même cadence de travaux. Il reste encore un certain nombre d’opérations à mener, or ce ne sera plus possible de mobiliser plusieurs parties de l’édifice en simultanée. La fin des travaux devrait donc se profiler aux alentours de 2030 », estime Valérie Gaudard. Depuis cet été, la restauration de la façade occidentale et de son revers a débuté et devrait durer près de trois ans. Fortement altérées, les pierres de la façade seront presque entièrement remplacées. Au niveau de la tribune et de la première travée de la nef, les clés de voûte feront aussi l’objet d’une restauration, de même que les baies hautes et les bas-côtés.
Le chantier devrait s’achever sur la création d’une nouvelle verrière contemporaine, à l’issue d’un concours lancé l’année prochaine pour remplacer celle détruite sous l’effet de la chaleur (qui intégrait des vestiges de vitraux originaux du XVIe siècle, commandés par Anne de Bretagne). « Les morceaux retrouvés étant trop fragmentaires pour être réutilisés, nous envisageons plutôt un traitement muséographique. Ils seront donc exposés, comme les vestiges du grand orgue, dans un parcours historique repensé dans la crypte du XIXe siècle », précise la conservatrice. D’ici là, cette crypte moderne restera fermée au public, tout comme la crypte romane qui avait été endommagée lors de l’incendie. De l’eau ayant percolé à travers sa voûte, elle nécessite une importante opération de nettoyage avant de pouvoir retrouver son trésor, provisoirement conservé au château des ducs de Bretagne.
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Réouverture de la cathédrale de Nantes
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°662 du 3 octobre 2025, avec le titre suivant : Réouverture de la cathédrale de Nantes









