Antiquaire

Vent de révolte aux Puces de Paul Bert Serpette

Par Marie Potard · lejournaldesarts.fr

Le 11 octobre 2018 - 597 mots

PARIS

Millon va vendre en ligne des objets confiés par des marchands de Paul Bert Serpette. Nombreux parmi ces derniers y sont très opposés.

Marché aux puces de Saint-Ouen
Marché aux puces de Saint-Ouen
Photo ParisSharing, 2010

Millon va organiser des ventes en ligne d’objets et de meubles que les marchands de Paul Bert Serpette souhaitent disperser aux enchères. Les objets seront présentés par les marchands dans leurs boutiques, allégeant d’autant les frais d’exposition (stockage, assurance…) pour l’opérateur. Il suffira de mettre l’objet sur le site de vente en ligne (le site pbs-auction est en cours de rodage). La vente aux enchères durera du vendredi au lundi et pendant ce temps là, la marchandise sera bloquée. Si la pièce est vendue à un client en boutique, le marchand devra régler la commission à la maison de ventes et au propriétaire du marché Paul Bert Serpette, Jean-Cyrille Boutmy.

Plusieurs marchands sont vent debout contre cette initiative. « Ce projet de collaboration est certainement parti d’une idée louable de notre propriétaire monsieur Boutmy afin de nous donner un nouvel outil de travail », écrit un des marchands dans une lettre adressée à ses 350 confrères de Paul Bert Serpette - l’un des 15 marchés des Puces. Mais « nous sommes contre l’intrusion des salles des ventes aux Puces. Ne faisons pas entrer le loup dans la bergerie, ne cédons pas au miroir aux alouettes ! » poursuit-il.

« Ils essaient d’appâter certains marchands qui sont en train de mourir mais si les maisons de ventes pénètrent aux Puces, c’est notre mort assurée. Pourquoi ? Parce-que ce sera beaucoup plus facile de pelleter quand on aura tous disparu. A la place de nos boutiques, les bottes des investisseurs de l’immobilier auront bientôt écrasé puis construit des immeubles tout propres avec des espaces de co-working, des boutiques aseptisées, des créateurs, des hôtels, des restaurants, des appartements (7 000 à 10 000 € le m2). Au secours, au secours, au secours », écrit-il. Le même sort réservé au Louvre des Antiquaires en somme.

Selon certains marchands de Paul Bert Serpette, ce partenariat a été décidé sans leur accord et encore moins leur consultation alors que cela fait 9 mois que les négociations ont été entamées. Ils ont été mis devant le fait accompli il y a 9 jours. « Quand nous avons manifesté notre désaccord auprès de la direction, on nous a répondu : si vous n’êtes pas d’accord et bien vous ne mettrez pas d’objets en vente ! » 

Pourtant les frais vendeur seraient supprimés. Seul l’acheteur supporterait des frais à hauteur 16 % : 8 % pour Millon et 8 % pour Jean-Cyrille Boutmy. Mais pour les marchands, « l’opérateur, par l’intermédiaire de cet outil, va se constituer un fichier clients très important ». En effet, pour participer aux ventes, les clients des marchands vont devoir s’inscrire et donc communiquer leur adresse postale, mail et téléphone. Autant de données précieuses pour la communication et le marketing d'une salle des ventes. « Ainsi, il sera très facile pour l’étude Millon de faire de la prospection, d’envoyer des calendriers de vente, de cibler nos clients et de les inviter à venir participer à leurs ventes », note un autre marchand.

En découle un autre problème récurrent pour les professionnels de Paul Bert Serpette, celui de la marchandise neuve. Achetés parfois très récemment, certains objets sont revendus aux Puces sous l’étiquette « ancien » ou « produit d’occasion » avec une marge importante, « ce qui ne correspond pas du tout à notre éthique. Or le propriétaire ne fait rien contre alors que nous l’avons alerté à plusieurs reprises par mails, pétitions… Qui ne dit mot consent ».

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