Ventes aux enchères

A Turin, bilan mitigé pour une vente d'accessoires de tournage de Kubrick

Par LeJournaldesArts.fr (avec AFP) · lejournaldesarts.fr

Le 28 mars 2018 - 592 mots

TURIN / ITALIE

La veste de Jack Nicholson dans "Shining" est partie pour 19 000 euros mais la montre et le pardessus de Tom Cruise dans "Eyes Wide Shut" n'ont pas trouvé preneur : une vente aux enchères d'accessoires de tournage de films de Stanley Kubrick a connu un succès mitigé mardi à Turin.

Stanley Kubrick (1928-1999), autoportrait avec un Leica III, 1949
Stanley Kubrick (1928-1999), autoportrait avec un Leica III, 1949
Photo Wikimedia

La maison turinoise Bolaffi proposait 54 lots : objets, vêtements, affiches, notes manuscrites et bobines précieusement conservés par Emilio D'Alessandro, un Italien de 76 ans qui fut pendant près de 30 ans l'assistant personnel du cinéaste américain décédé en 1999. Une trentaine ont été vendus, pour un total d'environ 90.000 euros. "C'est l'histoire d'un jeune Italien, qui au début des années 1970, quitta son pays pour chercher fortune", raconte le journaliste Federico Buffa, qui a interviewé M. D'Alessandro pour la maison Bolaffi. Il voulait devenir pilote automobile, il s'est retrouvé "chauffeur, puis factotum et finalement l'ami et le confident d'un génie du XXe siècle".

La pièce la plus convoitée a été la veste de velours et coton bordeaux portée par Jack Nicholson, alias Jack Torrance, dans l'angoissant "Shining" (1980). Mise à prix à 10.000 euros, elle est partie pour 19.000. "Il suffisait que Jack (Nicholson) mette cette veste que lui avait acheté Milena Canonero (la costumière italienne quatre fois oscarisée), une touche de maquillage, une mèche ajustée et voilà qu'apparaissait Jack Torrance", raconte Emilio D'Alessandro dans son livre de souvenirs "Stanley Kubrick et moi" (paru en 2012). Ce rôle, où le personnage de Jack Nicholson sombre lentement dans la folie dans un hôtel désert au coeur d'un Colorado lugubre et enneigé, est l'un des plus emblématiques de la carrière de l'acteur américain. Un lot de porte-clés de l'hôtel s'est vendu 2.200 euros, des tapis du décor sont partis pour 13.000 et 4.600 euros. D'une manière générale, les décors ont plu : une table de "Barry Lyndon" (1975) a atteint 2.200 euros, un tableau vu dans "Eyes Wide Shut" (1999) 5.500 euros.

Un phallus géant
En revanche, les costumes ont déçu. La veste militaire portée par Stanley Kubrick sur le tournage de "Full Metal Jacket" (1987), mise à prix à 10.000 euros, n'a pas trouvé preneur, pas plus que le chapeau de feutre du Sergent Hartmann dans le même film, ou encore la sacoche de toile utilisée par le maître pour transporter son appareil photo. Des fans de Kubrick ont en revanche trouvé leur bonheur avec le clap de "Eyes Wide Shut" (adjugé à 5.000 euros), des affiches de films ("2001 Odyssée de l'Espace", "Spartacus" ou "Lolita"...), des notes manuscrites du cinéaste ou encore des fragments de pellicules de plusieurs films (jusqu'à 6.500 euros). La surprise est venue d'une petite carte de membre du syndicat de scénaristes "Writers Guild of America", qui s'est arrachée 13.000 euros.

"Si je n'avais pas gardé ces objets, ils auraient tous été détruits. Alors Stanley me demandait : « Si tu as besoin de quelque chose pour chez toi, emporte-le »", explique Emilio D'Alessandro, qui a couru sur les circuits au côté de pilotes légendaires comme James Hunt ou Emerson Fittipaldi.

Revenu vivre dans sa ville natale de Cassino, au sud de Rome, il se souvient de sa première mission en tant que chauffeur pour Kubrick : il a dû "transporter d'un bout à l'autre de Londres un phallus géant" pour le tournage du subversif "Orange mécanique". Il raconte aussi avoir rapporté en Italie des caisses utilisées sur "Full Metal Jacket" et qui servent aujourd'hui de cages à lapins chez des personnes "qui n'ont aucune idée de leur premier usage".
 

Par Franck IOVENE

Cet article a été publié le 27 mars 2018 par l'AFP

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