Galerie

Thomas Bernard ferme sa galerie

Par Anne-Cécile Sanchez · Le Journal des Arts

Le 22 décembre 2021 - 624 mots

PARIS

Le galeriste rejoint la galerie Xippas. Tous les artistes qu’il représentait n’y trouveront cependant pas leur place.

Le galeriste Thomas Bernard prépare les toiles pour la réouverture de l'exposition Olivier Masmonteil, Le voile effacé © Photo Anne-Cécile Sanchez, 2020
Le galeriste Thomas Bernard prépare les toiles pour la réouverture de l'exposition « Olivier Masmonteil, Le voile effacé »
© Photo Anne-Cécile Sanchez, 2020

Paris. C’est désormais officiel : Thomas Bernard jette l’éponge et rejoint la galerie Xippas (Paris, Genève, Montevideo, Punta del Este [Uruguay], Bruxelles, Knokke [Belgique]). Créée sous le nom de « Cortex Athletico » à Bordeaux en 2006, sa galerie s’était installée à Paris en 2013 dans un premier espace avant de déménager rue des Arquebusiers, dans le 3e arrondissement. Présente à la Fiac entre 2015 et 2018, elle était depuis longtemps fragile et sa situation financière dégradée ne lui permettait plus de poursuivre son activité : produire des expositions, assurer la diffusion et la vente des œuvres de ses artistes, rémunérer ces derniers, investir dans la participation aux foires… Signe que la galerie était en difficulté, sa collaboration avec Benoît Maire s’était interrompue en 2018, au moment où l’artiste, qui a rejoint la galerie Nathalie Obadia, bénéficiait d’une exposition au CAPC-Musée d’art contemporain de Bordeaux.

Un phénomène comparable à celui de « marque ombrelle »

Le mouvement opéré par le galeriste est différent de celui d’un Gavin Brown fermant sa galerie new-yorkaise en juillet 2020 pour s’associer avec Barbara Gladstone. « Je passe sous l’égide de Xippas», résume Thomas Bernard, précisant qu’il ne s’agit pas d’une association. Le marchand qui l’accueille ne reprend pas le passif de sa structure, ni sa collection, qui compte environ 200 œuvres dont certaines ont été ou seront vendues pour apurer les comptes. Quant aux artistes, ils pourraient suivre Thomas Bernard pour une moitié d’entre eux, estime ce dernier, qui a notamment contribué à la redécouverte de l’œuvre de Richard Baquié (1952-1996). Mais il est probable qu’Olivier Masmonteil ne fera pas partie des transfuges : depuis la pandémie, le peintre a multiplié les initiatives commerciales et développé son propre réseau, notamment via Instagram. D’autres artistes ne trouveront pas leur place dans l’écurie de Xippas qui se répartit entre la photographie, l’abstraction américaine, les artistes d’Amérique du Sud et un regard sur la scène française.

« Cette intégration donne lieu à de nombreux commentaires car elle est inédite. Mais il y aura certainement d’autres cas similaires à celui-ci », assure Thomas Bernard, par ailleurs président de l’association Metropolitan Art Paris, dont le Paris Gallery Map recense les enseignes de la capitale et leur programmation. « On va voir des grosses galeries, disposant d’une forte capacité de diffusion et de production, absorber des consœurs de plus petite taille qui mènent un travail plus prospectif mais n’ont pas les moyens de survivre et de garder leurs artistes », analyse-t-il, comparant ce phénomène à celui de « marques ombrelles regroupant des sous-marques ». Pour finir, le galeriste devrait jouer chez Xippas le rôle d’un directeur artistique, intervenant sur la programmation, les ventes et le renforcement de l’image et de la communication de l’enseigne. Quant à son pas-de-porte, Thomas Bernard espère qu’il sera repris par une galerie étrangère désireuse de s’installer à Paris.

Une géographie des galeries parisiennes en mouvement  

Si certaines galeries ferment, d’autres ont ouvert à Paris en toute discrétion pendant la pandémie, comme Parliament, rue d’Enghien (dans le 10e arrondissement), qui a déjà pris part à la foire Frieze London cet automne. Mais aussi, plus récemment, Sinople, qui a emménagé dans l’hôtel de Retz (3e arr.) après deux ans d’itinérance, tandis que Fitzpatrick Gallery a inauguré son adresse dans le Marais, rue de Turenne, et que Myriam Chair (ex-assistante d’Almine Rech) lance son activité rue des Fossés-Saint-Jacques (5e arr.), non loin de la place du Panthéon… Balice Hertling, pour sa part, s’agrandit, en ajoutant à ses deux espaces (rue Ramponeau [20e arr.] et rue Saint-Martin [3e arr.]), une adresse rue des Gravilliers (3e arr.). Enfin Paris n’en finit pas de bruisser de la rumeur de l’arrivée imminente des poids lourds Hauser & Wirth et Pace.

Thématiques

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°579 du 10 décembre 2021, avec le titre suivant : Thomas Bernard ferme sa galerie

Tous les articles dans Marché

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque