Antiquaire

ENTRETIEN

Maurizio Nobile : « De plus en plus de clients achètent pour effectuer un investissement »

Antiquaire à Paris, Bologne et Milan

Par Olivier Tosseri, correspondant en Italie · Le Journal des Arts

Le 18 novembre 2021 - 534 mots

MILAN / PARIS

Présent à Paris, Maurizio Nobile a ouvert cet automne une galerie dans la capitale économique d’une Italie qui bénéficie d’un fort rebond de croissance.

Maurizio Nobile. © DR, 2018
Maurizio Nobile.
© DR, 2018
Courtesy Maurizio Nobile Fine Arts

Après avoir été durement éprouvée par une pandémie de Covid-19 qui a provoqué un effondrement de près de 9 % de son PIB, l’Italie devrait avoir cette année une croissance de + 6 %. Une embellie qui concerne aussi le marché de l’art. Les chiffres d’affaire des grandes salles de ventes aux enchères transalpines ont dépassé au premier semestre 2021 ceux du premier semestre 2019. Une euphorie partagée par les galeristes, plus particulièrement d’art ancien. Parmi eux Maurizio Nobile qui, après Bologne en 1987 et Paris en 2010, a inauguré en octobre une troisième galerie à Milan. Nous l’avons interrogé.

Quelles sont les raisons qui vous font ouvrir aujourd’hui un nouvel espace à Milan ?

J’avais commencé à y penser à la suite de la période difficile traversée par la capitale française entre les attentats de 2015 et le mouvement des « gilets jaunes ». Milan, capitale économique de l’Italie, était un vieux rêve. C’est l’une des places les plus adaptées actuellement sur le marché européen pour ouvrir un nouvel espace. Une place en pleine effervescence avec l’envie de reprendre plus vite et plus fort son activité après la pandémie. La clientèle y est aussi plus internationale que dans le reste de la Péninsule. C’est enfin une ville accueillante, l’ensemble de mes confrères ont été ravis de mon arrivée.

Quelles conséquences la pandémie a-t-elle eues sur votre activité ?

Nous ne nous sommes pas arrêtés un instant. Le temps a été mis à profit pour refaire notre site Internet et augmenter notre présence sur les réseaux sociaux. Nos ventes n’ont pas connu d’inflexion négative. Les clients avaient plus de temps chez eux pour chercher des objets et s’y intéresser. Ils éprouvent maintenant un très grand besoin de voir les objets en galerie, et non plus simplement derrière un écran. L’afflux de personnes à l’inauguration de la galerie a dépassé toutes nos espérances.

Le marché de l’art ancien sort-il transformé selon vous après ces périodes de confinement ?

Il avait déjà profondément changé au moins au cours de la dernière décennie. Comme pour l’art contemporain, de plus en plus de clients achètent des œuvres d’art pour effectuer un investissement. L’attribution comme l’état de conservation de ces œuvres doivent être parfaits. L’exigence est donc bien plus importante. Concernant les dessins et les arts graphiques, qui sont l’une de mes spécialités, le marché est plus vivace en France, aux États-Unis et au Royaume-Uni qu’en Italie, où c’est la peinture qui est le médium privilégié. Restent enfin les problèmes structurels auxquels nous devons faire face, de la bureaucratie transalpine au carcan juridique pour exporter les œuvres. Mais tout cela n’affecte heureusement ni notre enthousiasme ni celui de nos clients…

Une nouvelle clientèle a-t-elle émergé ?

Elle s’est rajeunie et nous utilisons dorénavant des outils, comme Instagram, qui nous donnent accès à un public différent. Certains quadragénaires ou quinquagénaires qui avant auraient acheté exclusivement de l’art contemporain se sont rapprochés de l’art ancien. Évidemment, auparavant la palette d’objets vendus était plus vaste, mais je note de la part des clients une grande curiosité avec une envie de mieux connaître les œuvres qu’ils achètent.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°577 du 12 novembre 2021, avec le titre suivant : Maurizio Nobile, antiquaire à Paris, Bologne et Milan : « de plus en plus de clients achètent pour effectuer un investissement »

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